O026 Étude de faisabilité d’un régime alimentaire déplété en méthionine chez le patient cancéreux traité par chimiothérapie - 19/05/08
Résumé |
Introduction et but de l’étude |
Restreindre l’apport en acides aminés (AA) essentiels, tel que la méthionine (Met), pourrait être une stratégie efficace de potentialisation de la chimiothérapie chez le patient cancéreux. En effet, plusieurs cellules tumorales sont dépendantes, pour leur croissance, d’un apport exogène en cet AA et la carence en Met améliore l’efficacité de certains agents cytolytiques. Dans le cadre d’un essai clinique de phase I, chez des patients cancéreux, la faisabilité d’un régime alimentaire carencé en Met a été évaluée au regard de la durée optimale du régime et de son incidence sur le statut nutritionnel.
Matériel et méthodes |
Onze sujets porteurs de mélanomes et de gliomes ont reçu 4 cures de chimiothérapie espacées de 15 jours. Lors de chaque cure, un régime oral déplété en Met (Xmet + Maxa-mum+Duocal SHS, 2 510 kcal/j) est proposé par randomisation sur une durée variable de 1, 2, 3 ou 4 jours (J). Quelle que soit la cure, la chimiothérapie (Cystémustine, 60 mg/m2), est administrée le dernier jour de régime. Les AA plasmatiques et urinaires ont été quantifiés à jeun (8h) et à l’état nourri (12h). Les variations de l’aminoacidémie (n=4) ont été évaluées en cinétique sur 24h. L’état nutritionnel a été apprécié via l’Indice de Masse Corporelle (IMC), le Nutritional Risk Index (NRI) et le bilan azoté. Résultats : moyenne ± SEM, Test H de Kruskal-Wallis, test U de Mann Whitney.
Résultats |
Les apports calorico-azotés étaient respectivement de 32,3±1,6 kcal/kg/j et de 0,15±0,01 g N/kg/j. La méthioninémie (μM) chute de 50 % (22±2 vs 11± 2, p<0,05) dès 4 heures après le début du régime. Cette baisse reste significative jusqu’à 4h du matin. En revanche, à 8h du matin la concentration plasmatique moyenne en Met redevient normale. À 12h, quelle que soit la durée du régime et la cure et dès le premier jour de régime, les teneurs circulantes en Met décroissent de 50 % en moyenne (vs 8h, p<0,05) et reste constante. Aucune variation n’est observée pour les acides aminés (homocystéine, cystéine, glycine, sérine) métaboliquement reliés à la Met. L’excrétion urinaire (μmoles/24h) de Met est réduite en réponse au régime (J1 : 22±2 ; J2 : 22±3 ; J4 : 24±8 vs J0 : 34±4, p<0.05). Au cours des 2 mois de traitement, l’état nutritionnel des patients reste stable : poids (63,7±4,0 vs 65,9±4,0 kg, p=0.07), IMC (25,3±1,0 vs 24,8±1,0 kg/m2, p=0.06), NRI (103±3 vs 101±4, p=0,186). Le bilan azoté légèrement négatif, n’est pas majoré par le régime et sa durée.
Conclusions |
Une déplétion en Met circulante est obtenue dès le premier jour de régime. L’absence d’effet cumulatif entre 2 et 4 jours de régime est à relier à un moindre catabolisme de la Met et à la production endogène de Met associée à la protéolyse au cours des phases de jeûne comme l’atteste la normalisation des teneurs circulantes en cet AA. Un jour de régime semble suffisant pour abaisser de 50 % la méthioninémie. Un tel régime associé à la chimiothérapie n’a pas d’effet délétère sur l’état clinique et nutritionnel des patients. Dans une étude de phase II, l’efficacité thérapeutique de l’association « chimiothérapie et régime » sera testée.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 21 - N° S2
P. 44 - mars 2007 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.