De manière classique les diététiciennes n’apprennent pas à « toucher le patient » ni à pratiquer des gestes techniques. Acquérir la capacité de poser une sonde nasogastrique (SNG) ou d’effectuer un prélèvement sanguin (PDS) devrait augmenter l’employabilité des diététicien-ne-s dans la recherche clinique en nutrition et dans le suivi du support nutritionnel hors de l’hôpital. Ce résumé relate une expérience de formation des diététicien-ne-s.

Le cours, animé par une diététicienne et une infirmière est organisé sur 6 demi-journées réparties sur 3 mois. Il se déroule dans une salle de pratique de la HEdS et respecte les procédures de sécurité des hôpitaux universitaires. Les principes de base sont le volontariat et la réciprocité des actes. La réalisation des gestes est décrite en théorie puis en pratique par l’infirmière et insiste sur les points critiques : vitesse d’introduction, douleur, passage du carrefour aérodigestif, turgescence de la veine, risques aux personnes. Un « contrat » explicite garanti aux enseignantes la liberté de stopper tout geste estimé non-sécuritaire. L’apprentissage est d’abord exercé sur des mannequins et bras d’essai. Puis, les participant-e-s posent les sondes et se piquent entre eux, sous la vigilance constante des enseignantes. L’ergonomie de la préparation du matériel, la pratique des règles d’hygiène et la fluidité des gestes sont particulièrement entraînés. Sur leur lieu de travail, les diététicien-ne-s recherchent un mentor médecin (délégation de l’acte médical) et infirmier-e pour la supervision de ces actes. Les difficultés rencontrées et les causes d’échec sont analysées et une réflexion sur les limites de compétence est menée.

Huit diététicien-ne-s ont été formées dont 3 pratiquent la pose de sonde régulièrement ; 10 sont en cours de formation. 3/4 des diététicien-ne-s exécutent la pose de SNG et la PDS avec succès. La fluidité des gestes, les réflexes de préparation logique et ergonomique du matériel, le respect des règles d’hygiène sont acquis en 24 heures d’enseignement. Les motifs d’échec à la pose de SNG ou PDS sont identiques que pour une infirmière réalisant ce geste : passage des choanes, stimulation du réflexe nauséeux, dys-synchronisation au passage du carrefour aérodigestif, capital veineux médiocre. Lors de l’évaluation du cours, les participant-e-s ont relaté les réactions en majorité positives des infirmièr-e-s, des difficultés dans la recherche d’un mentor médecin et ont proposé l’introduction d’un carnet de suivi des actes réalisés.

L’habileté technique et les qualités de formatrice de l’infirmière, soutenues par la transdisciplinarité des 2 enseignantes sont déterminantes pour le succès du cours. Les diététicien-ne-s formées ont acquis la rigueur et la gestuelle nécessaire à la pose de SNG et à la réalisation de la PDS. La réflexion se poursuit sur la stratégie à adopter pour que ces diététicien-ne-s reconnues compétent-e-s à la réalisation de ces actes médico-délégués puissent le faire connaître et par la suite reconnaître dans leur champ de compétences.