Un virus ne peut se multiplier que dans une cellule vivante, eucaryote (animal, végétal) ou procaryote (bactérie, archée), et s'il a pour hôte une bactérie, il est appelé bactériophage, ou plus simplement de phage. Tout bactériophage est spécifique, généralement, d'une seule espèce bactérienne, voire de quelques souches de celle-ci, dans lesquelles il se reproduit. Innombrables, partout dans la nature, ces virus particuliers coexistent et coévoluent en permanence avec les bactéries. Leur utilisation pour traiter les infections bactériennes est appelée phagothérapie. Les bactériophages ont été découverts il y a plus de cent ans, et la phagothérapie a été utilisée pour la première fois dès 1919, en France, puis dans le monde, durant les décennies suivantes. La phagothérapie a été remplacée à partir des années 1940 par l'antibiothérapie, que l'on pensait être la solution définitive aux infections bactériennes. Actuellement, l'extension des résistances des bactéries aux antibiotiques fait redouter un retour à l'ère préantibiotique. Soutenue par les nouvelles connaissances, la réintroduction des bactériophages dans l'arsenal thérapeutique paraît aujourd'hui être une solution crédible. Cependant, un tel médicament, de nature biologique, ne peut être utilisé qu'à la condition d'être produit selon les normes réglementaires en vigueur. II existe un enjeu de production de phages utilisables en clinique par des structures privées ou/et publiques. Toutefois, ce n'est qu'avec une réglementation adaptée et après une évaluation expérimentale du bénéfice/risque que la phagothérapie pourra réellement prendre sa place, en solution alternative ou en complément de l'antibiothérapie.