Les progrès récents et rapides de la médecine encouragent l'illusion d'une maîtrise possible des processus de procréation, alors que la fertilité humaine résulte d'une intrication étroite entre fonctions biologiques et psychiques, le désir d'enfant s'enracinant profondément dans l'inconscient de chacun. Penser les conséquences au sein d'une famille de l'assistance à la procréation amène une réflexion féconde sur plusieurs plans (social, juridique, culturel, psychique) en raison des fortes sollicitations fantasmatiques que provoquent les questions de filiation. Car si l'acte de donner le jour est concret, celui de concevoir reste abstrait, sa médicalisation renouvelant le monde fantasmatique qui l'entoure au lieu de l'appauvrir. Nous nous intéressons aux effets de ces techniques procréatives sur le devenir parent, puisque ce type de conception requiert un travail psychique de filiation plus exigeant pour les parents. L'essentiel des problèmes qu'ils rencontrent dans leur parentalité ne sont pas spécifiques au mode de conception, mais secondaires aux difficultés de dépassement, de sublimation de l'infertilité et de son arrière-plan psychique non traité, souvent vécue de façon culpabilisée, voire honteuse. Nous réfléchissons aussi à la manière dont l'enfant issu de ces nouvelles technologies se construit psychiquement. La confrontation à des dispositifs de conception énigmatiques pour l'enfant, dissociant la sexualité des adultes de la procréation, risque d'aboutir à une hypersexualisation de sa pensée et tend vers un appauvrissement de l'imaginaire. Le don de gamètes amène d'autres problématiques : un profond sentiment de honte, de « pièce manquante » dans la construction d'une image entière du self. Il faudrait néanmoins pouvoir déterminer d'où viennent ces représentations et si elles ne sont pas à chercher dans la dynamique familiale, les liens parents-enfant, avant de se tourner vers l'origine de la conception trop directement. Ainsi, certaines difficultés sont à mettre en relation avec le rôle du secret et de la réalité du donneur.