O054 - Déterminants précoces du comportement alimentaire à 2 ans d’enfants nés prématurés - 04/12/08
A Migraine [1],
V Amarger [1],
T Moyon [1],
C Desrobert [2],
P Parnet [1],
J Rozé [3]
Voir les affiliationsIntroduction et But de l’étude. – Le comportement alimentaire de la petite enfance pourrait être prédictif de celui observé à l’âge adulte. De nombreux facteurs sont susceptibles d’influencer son acquisition et cela dès la vie intra-utérine.
Le but de l’étude est de mettre en évidence l’influence de facteurs propres à l’enfant et de facteurs environnementaux sur la mise en place du comportement alimentaire chez des enfants nés prématurés.
Matériel et Méthodes. – Cette étude porte sur des enfants nés prématurés (avant 33 SA) hospitalisés au CHU de Nantes en 2006. La nutrition néonatale précoce a pu être analysée précisément puisqu’elle était strictement contrôlée chez ces enfants hospitalisés pendant plusieurs semaines. À l’aide du questionnaire QCAJE (Questionnaire de Comportement Alimentaire du Jeune Enfant) mis au point par Sophie Nicklaus (UMR FLAVIC, Dijon) et du questionnaire ASQ (Age and Stages Questions), nous évaluons respectivement 5 dimensions du comportement alimentaire (appétit, intérêt, néophobie, sélectivité et difficulté alimentaire) et le développement psychomoteur des enfants à 2 ans d’âge corrigé. Un score de comportement alimentaire global correspondant à la moyenne des 5 dimensions nous a permis de classer les enfants en trois groupes dits « faciles », « intermédiaires » et « difficiles » (tertiles).
Résultats. – Sur 92 mères contactées, 82 ont signé un consentement. Les enfants au comportement alimentaire « difficile » présentent des caractéristiques néonatales particulières par rapport à ceux des deux autres tertiles. Leur Z-score de poids de naissance (RCIU) est plus bas : -0,8 ± 1,6 vs -0,2 ± 1,3 (p = 0,04). Leur vélocité de croissance hospitalière est plus élevée : 12,3 ± 3,8 g/kg/j vs 10,7 ± 2,0 (p = 0,02). Ils ont reçu des apports caloriques à J5 significativement plus élevés : 93,5 ± 11,5 kcal/kg/j vs 84,5 + 16,7 kcal/g/j (p = 0,02). Par contre l’âge gestationnel et la durée de nutrition parentérale n’étaient pas significativement différents (p = 0,85 et p = 0,91). Les pathologies sévères (entérocolite, lésions cérébrales à l’ETF) n’étaient pas plus fréquents (p = 0,54 et p = 0,77). En analyse multivariée, le modèle ajusté sur l’âge gestationnel qui expliquait le mieux un comportement alimentaire difficile comportait le RCIU (ORa = 1,58 [1,02-2,4] par -1 Z-score, p = 0,04), une vélocité de croissance hospitalière plus élevée (ORa = 1,27 [0,98-1,64] par g/kg/j, p = 0,07) et un IMC maternel plus élevé.
Conclusions. – Ces observations révèlent des déterminants précoces du comportement alimentaire au moment clé où l’enfant passe d’un état de dépendance à celui d’autonomie. Les résultats de cette étude semblent indiquer que les apports énergétiques précoces pourraient agir comme une empreinte nutritionnelle susceptible de s’exprimer plus tard sous la forme de troubles du comportement alimentaire, ceci pouvant être plus ou moins modulé par le contrôle parental et les habitudes alimentaires familiales.
Le pédiatre pourrait ainsi disposer d’un outil simple d’évaluation du comportement alimentaire du jeune enfant et ainsi orienter ses conseils aux parents afin d’optimiser l’alimentation de leur enfant dans des situations difficiles comme la prématurité ou le RCIU.
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Vol 22 - N° S1
P. 50 - novembre 2008 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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