P073 - Modification du comportement alimentaire chez le miniporc soumis à un régime « western diet » - 04/12/08
Introduction et But de l’étude. – L’explosion des troubles du comportement alimentaire est concomitante de l’apparition d’une nourriture abondante à haute valeur énergétique. L’hyperphagie et la phagomanie sont deux exemples de troubles associés à l’obésité. Nous nous sommes intéressés aux modifications du comportement alimentaire induites chez le miniporc pris comme modèle de l’homme lorsqu’il dispose d’une alimentation riche et à volonté, ainsi qu’à l’émergence d’un état pathologique (obésité et insulinorésistance).
Matériel et Méthodes. – Huit mâles Göttingen ont été soumis à un régime hypercalorique, riche en lipides et glucides (WD). Poids et consommation ont été suivis en continu. Divers tests et mesures ont été réalisés avant et après 5 mois de WD : circonférence abdominale, adiposité estimée par scanner, glycémie et insulinémie après HGPIV (analyse de la sensibilité à l’insuline par modèle minimal). Nous avons aussi observé le comportement des animaux pendant 3 jours en continu, et avons réalisé deux types de repas tests de 30 min : a) étude de la microstructure du repas grâce à des auges montées sur capteurs de pression (quantités ingérées, vitesses et durées d’ingestion, etc.) ; b) analyse du choix spontané entre 3 aliments isocaloriques : un enrichi en gras, un autre en sucre, et un troisième nutritionnellement équilibré.
Résultats. – Le WD a induit une prise de poids rapide (de 41,9 ± 1,3 à 65,4 ± 3,7 kg en 10 semaines avant stabilisation, p < 0,01) associée à une augmentation de la masse adipeuse (de 13 à 29 %, p < 0,05) et à une insulinorésistance. Jusqu’à 10 semaines, les sujets ont consommé 295 % de l’EM requise pour un équilibre pondéral (ration avant WD, p < 0,001). Après 10 semaines, la consommation s’est stabilisée à 204 % de l’EM de base (p < 0,001). Cependant, en repas test de 30 min, le volume (1076 ± 48 vs. 520 ± 52 g) et la quantité énergétique (169,4 ± 9,8 vs. 87,1 ± 14,6 kcal/kg de PM) ingérés par les obèses sont diminués par rapport aux sains (p < 0,05). De même, la vitesse d’ingestion décroît chez les obèses (28,5 ± 2,4 vs. 5,9 ± 3,0 g/min durant les 10 dernières minutes). Dans la journée, les animaux sains mangent leur ration en une seule prise alors que les obèses fractionnent en petits repas (p < 0,05). En test de choix, les animaux préfèrent toujours un aliment riche en sucre (sain : 87 %, obèse : 90 %) plutôt qu’un aliment équilibré ou riche en lipides (p < 0,001).
Conclusions. – Nous avons montré qu’une nourriture abondante, riche et appétante induit chez le miniporc un comportement proche de troubles humains (hyperphagie et phagomanie). De tels patterns ingestifs sur cinq mois ont provoqué l’apparition d’un état obèse et d’une insulinorésistance. Si la préférence pour un aliment sucré ne change pas, en revanche la taille, le nombre des repas et leur microstructure sont significativement modifiés. De tels effets pourraient être dus à une altération des signaux physiologiques ou nerveux du rassasiement ou de la satiété, mais aussi à une modification de la perception ou de la motivation alimentaire. Ces résultats posent la question du déterminisme des troubles alimentaires et des mécanismes d’habituation au WD. Ils montrent aussi que le miniporc est un modèle privilégié pour étudier sur le long terme les facteurs biologiques ou physiologiques impliqués dans les pathologies alimentaires.
Plan
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Vol 22 - N° S1
P. 89-90 - novembre 2008 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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