P110 - Impact nutritionnel du tabagisme maternel chez le nouveau-né - 04/12/08
Y Loumouamou [1],
A L Leke [1],
F Caboche [2],
J Tiberghien [2],
J Marzec [3],
A Henegar [4]
Voir les affiliationsIntroduction et But de l’étude. – Il a été démontré chez l’animal que la réduction de la disponibilité maternelle en substrats énergétiques par défaut d’apports nutritionnels, par hypoxémie maternelle et la réduction du flux sanguin utéroplacentaire ou ombilical s’accompagnent de retard de croissance fœtale (malnutrition fœtale). Le tabagisme maternel pendant la grossesse réunit toutes ces conditions : effets d’hypoxémie du monoxyde de carbone, effets vasoconstricteurs de la nicotine réduisant les échanges mère-fœtus et sanctionnant la sécrétion des hormones de croissance fœtale (Insuline, IGF-1, IGF BP-3), la toxicité du cadmium en inhibant le transport placentaire du Zinc…
Matériel et Méthodes. – Le but de ce travail est d’évaluer le retentissement du tabagisme actif et/ou passif maternel sur l’état trophique de son enfant à la naissance.
Nous avons examiné les dossiers de 316 nouveau-nés d’une maternité de niveau I (âge gestationnel 39,1 1,25 SA) dont 116 ont été exposés au tabagisme actif (maternel), 66 au tabagisme passif (paternel). Les données ont été comparées à un groupe contrôle composé de 134 nouveau-nés.
Résultats. – Parmi les 316 mères, 138 (43,7 %) fumaient avant la grossesse, 116 d’entre elles (36,7 %) ont continué à fumer en début de grossesse et 44 (38 %) consommaient plus de 10 cigarettes par jour. À l’accouchement, 34 mères maintenaient leur tabagisme. La moitié des pères à peu près sont fumeurs, 2/3 des mères fumeuses avaient un conjoint fumeur.
Les mères fumeuses et celles exposées au tabagisme sont plus jeunes que celles du groupe contrôle. L’indice de masse corporelle des mères fumeuses était plus faible par rapport au groupe témoin : 23,6 5,3 vs 25,5 5,3 (p = 0,06).
L’allaitement au sein est noté seulement chez 20 % des mères fumeuses contre 44 % non fumeuses (p = 0,002).
Les taux de monoxyde de carbone expiré des mères déclarant un tabagisme étaient de loin supérieurs à ceux des mères des deux autre s groupes pendant la grossesse et au moment de l’accouchement. Il y a une corrélation positive entre les taux de CO expiré maternel et le tabagisme déclaré en début de grossesse (p < 0,001).
Les enfants exposés au tabagisme maternel actif avaient un poids, une taille, un périmètre crânien, un index pondéral (P/T3 x 100) plus faibles que ceux des deux autres groupes avec une différence statistiquement significative (p < 0,001).
Conclusions. – Le tabagisme maternel pendant la grossesse est associé à un retard de croissance fœtale global pouvant avoir un impact négatif sur l’enfant à court, moyen et long terme.
Le taux d’allaitement, qui reste bas dans la région (40 %) et qui est réduit de moitié (20 %) chez les fumeuses, peut alourdir les conséquences du tabagisme chez l’enfant.
La lutte anti-tabac doit, en effet, faire partie intégrante des programmes de sensibilisation à l’allaitement maternel.
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Vol 22 - N° S1
P. 107 - novembre 2008 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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