CO.26 - Maladie de Parkinson : des atteintes spécifiques du système nerveux entérique - 02/04/09
T Chaumette [1],
T Lebouvier [1],
E Coron [1],
P Damier [1],
P Derkinderen [1],
M Neunlist [1],
S Bruley des Varannes [1]
Voir les affiliationsBut : La maladie de Parkinson est une affection neurodégénérative caractérisée par 1) une perte des neurones dopaminergiques de la substance noire, et 2) la présence dans les neurones restants d’agrégats protéiques majoritairement composés d’alpha-synucléine, les corps de Lewy. Au cours de la maladie de Parkinson les manifestations digestives touchent la majorité des patients, et peuvent précéder les symptômes moteurs de la maladie. Les corps de Lewy ont été récemment mis en évidence dans le système nerveux entérique (SNE). Les objectifs de cette étude étaient de déterminer 1) la faisabilité de la caractérisation des plexus sous muqueux entériques à partir de biopsies de la muqueuse colique prélevées en endoscopie, et 2) la possibilité de détecter la formation d’agrégats protéiques au sein du SNE chez les patients ayant une maladie de Parkinson.
Patients et Méthodes : Six patients parkinsoniens depuis plus de 5 ans, se plaignant de constipation, et 8 témoins (constipés n = 3, dépistage de cancer n = 5) ont eu une coloscopie avec biopsies coliques étagées à l’aide de pinces sans dard (FB210K, Olympus co.). La sous-muqueuse des biopsies était microdisséquée sous loupe binoculaire, puis étirée et fixée au paraformaldéhyde (4 %). Des marquages immunohistochimiques dirigés contre la tyrosine hydroxylase (TH), la protéine pan-neuronale Hu, les neurofilaments (NF) et la forme phosphorylée de la synucléine étaient réalisés. Le nombre de neurones TH immunoréactifs par ganglion était ensuite compté puis rapporté au nombre total de neurones évalué par le marquage Hu. Le marquage NF et le marquage de la forme phosphorylée de l’alpha-synucléine étaient comparés pour une étude de colocalisation.
Résultats : Le nombre moyen de ganglions par biopsies n’était pas différent entre les patients et les contrôles (respectivement 13,6 ± 5,3 vs 11,2 ± 7,9). De la même façon, le nombre de neurones par ganglions n’était pas différent entre les patients et les témoins (5,5 ± 0,6 vs 5,6 ± 1,9). Le nombre de neurones exprimant la TH (par ganglion) dans le plexus sous muqueux n’était pas non plus différent entre les témoins et les patients parkinsoniens. Cependant, chez 5 des 6 patients parkinsoniens, il existait des fibres NF immunoréactives dystrophiques similaires aux neurites de Lewy du système nerveux central. Ces fibres présentaient une immunoréactivité pour la forme phosphorylée de l’alpha-synucléine et n’étaient jamais présentes chez les témoins.
Conclusion : Ces résultats démontrent pour la première fois la possibilité de caractériser le plexus sous-muqueux du SNE chez l’homme à l’aide de biopsies coliques prélevées lors d’une coloscopie. La présence hautement spécifique de fibres dystrophiques semblables aux neurites de Lewy chez les parkinsoniens doit faire évaluer leur intérêt comme marqueur diagnostique de la maladie de Parkinson.
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Vol 33 - N° HS1
P. 13 - mars 2009 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.