« La crise suicidaire » est, dans cet article, interrogée du côté de ce qu’elle « bouscule » dans la Psychè. La clinique sur laquelle cette réflexion s’appuie est celle de sujet au lendemain d’un geste suicidaire. Le point de départ, à la fois clinique et théorique, est l’effet de paradoxe qui est présent à l’écoute des sujets et dans les « théories » du suicide et dont l’un des énoncés est « mourir pour vivre ». Du paradoxe à la faillite d’un clivage profond est mise au travail l’idée de la réactualisation d’une scène de renoncement impossible. De la scène originaire à sa réactualisation, le parcours inclut des remaniements psychiques qui révèlent la qualité de ce qui est perdu plus que la perte elle-même. La réactualisation soudaine d’une scène restée « insensée » se double de ses effets énergétiques et « met le feu » au théâtre psychique ; le geste suicidaire est un changement de scène de Psychè à Psychè-Soma, de l’espace psychique au lieu du corps, et constitue une tentative de mise en forme d’une pièce d’un autre temps, d’une pièce en manque de représentation. Au lendemain d’un geste suicidaire, à l’écoute des sujets qui se réveillent, les énoncés ne cherchent pas encore le sens, ils révèlent un « impensable » que le sujet a tenté de dépasser. La scène suicidaire est alors à entendre comme une scène en écho à la scène intérieure en recherche de lieu, d’écran pour se représenter.

In this article we will interrogate what does the suicidal crises moves in our Psychè. We will use the clinic of subjects on the day after their suicidal gesture. Starting on a clinical and theorical point, the paradoxe effect emerging in subject words and in suicidal theories has this saying: “die to live”. From this paradoxe to the failing of a deep splitting (clivage), the idea of the reactualization of an impossible renuncement scene is put to work. From the primal scene to its reactualization we find psychic changes revealing the quality of whats lost more than the loss itself. The sudden reactualization of a scene left with nonsense will double itself with energetic effects setting the psychic theater on fire. The suicidal gesture is a change from “Psychè scene” to “Psychè-Soma”, meaning from the psychic space to the body location, constituing the setting of an act from an other time, an act missing presentation. On the day after a suicide, while listening to subjects awakening, the words forget to search for any sense, only revealing the unthinkable that the subject just tried to surpass. It is as if the suicidal scene becomes an echo of the inside scene looking for a location, looking for a screen to represent itself.