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Homicide et maladie mentale grave : quelles sont les différences sociodémographiques, cliniques et criminologiques entre des meurtriers malades mentaux graves et ceux indemnes de troubles psychiatriques ? - 16/09/09

Doi : 10.1016/j.encep.2008.05.006 
S. Richard-Devantoy a, , A.-S. Chocard b, M.-C. Bourdel c, B. Gohier a, J.-P. Duflot d, J.-P. Lhuillier e, J.-B. Garré a
a Département de psychiatrie et psychologie médicale, CHU d’Angers, 4, rue Larrey, 49933 Angers cedex 9, France 
b Unité de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, CHU d’Angers, France 
c Service hospitalo-universitaire de santé mentale et de thérapeutique, CHS Sainte-Anne, 7, rue Cabanis, 75014 Paris, France 
d 100, rue de la Tricottière, Mayenne, France 
e Secteur 7, CHS CESAME, Sainte Gemmes sur Loire, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Introduction

L’homicide est un acte rare. Il est souvent, dans l’imaginaire collectif, l’acte d’un malade mental. S’il est possible aujourd’hui d’établir un lien entre les troubles mentaux graves et la violence, celui-ci doit être nuancé. La majorité des meurtriers ne présentent pas de maladie mentale grave : 80 à 85 % des auteurs d’homicides en sont indemnes.

Objectif

L’objectif principal de cette étude rétrospective est de mettre en lumière les ressemblances et les dissemblances entre les meurtriers malades mentaux graves et ceux indemnes de trouble psychiatrique.

Méthode

À partir d’une étude clinique sur une série de 210 homicides volontaires, dont 37 sont commis par des sujets souffrant d’une maladie mentale grave (schizophrénie, trouble délirant, trouble de l’humeur), nous déterminons les caractéristiques sociodémographiques, cliniques et criminologiques du meurtrier souffrant d’une maladie mentale grave et constatons les éventuelles différences avec les meurtriers indemnes de trouble psychiatrique. Nous retenons la définition consensuelle de Hodgins des troubles mentaux graves, qui regroupe les diagnostics de schizophrénie, de trouble de l’humeur et de trouble délirant qui correspond dans la nosographie française à la psychose paranoïaque. Cette définition restreinte de la maladie mentale (troubles psychotiques ou dépressifs exclusivement), s’oppose à celle, plus large, du DSM-IV qui inclut, en outre, les troubles de la personnalité, les abus d’alcool et les démences.

Résultats

À l’exception de certaines variables, le meurtrier présentant une maladie mentale grave a les mêmes caractéristiques sociodémographiques que tout meurtrier : c’est un homme jeune, isolé, aux antécédents judiciaires, consommant des toxiques. Les malades mentaux meurtriers sont plus âgés (37,8 ans versus 31,7 ans) au moment des faits, ont davantage d’antécédents psychiatriques personnels (81 % versus 32,9 %) et de comorbidités psychiatriques que les sujets indemnes de troubles psychiatriques. Ils s’en distinguent aussi par une clinique propre au processus psychopathologique. La dépression, le délire et les idées suicidaires sont caractéristiques de la clinique des malades mentaux avant leur crime, tandis qu’une dispute ou une altercation physique concourt à la genèse du meurtre chez les sujets sans pathologie mentale. La proximité affective entre l’auteur et sa victime est d’autant plus marquée que le meurtrier présente une maladie mentale. Le malade mental tue rarement une victime inconnue. L’irresponsabilité pénale est la règle pour les meurtriers souffrant d’un trouble mental grave.

Conclusion

Les différences entre meurtriers avec et sans maladie mentale grave reposent sur une psychopathologie propre au processus morbide qui infiltre l’acte homicide. En tant que clinicien, il faut focaliser notre attention sur la psychopathologie propre à chaque entité clinique. Ces données permettent de dégager des facteurs de risque généraux de violence homicide (sexe masculin, âge jeune, milieu défavorisé, abus d’alcool) et des facteurs plus spécifiques (maladie mentale, comorbidités…), auxquels il faudrait intégrer les aspects dynamiques de la rencontre entre les protagonistes.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Summary

Objectives

To establish the social, clinical, and forensic differences between murderers suffering from a major mental disorder and murderers without any psychiatric disorder and, in particular, to compare their respective records of psychiatric symptoms and their respective relationship with their victims.

Method

We studied 210 forensic examinations of murderers, the offences related to the murders, and the social and clinical information collected from psychiatric court reports on persons convicted of homicide. Firstly, we identified the socio-demographic, clinical and criminological profiles of 210 murderers from which were distinguished murderers with major mental disorder. Then, we compared the profiles of murderers suffering from a major mental disorder with those of murderers without any mental disease. In other words, we compared 37 persons affected with major mental disorder (schizophrenia, paranoiac delusional disorder, and affective disorder) with 73 persons without any mental disorder. We deliberately excluded subjects with personality disorder or abuse of/dependency on drugs, mental retardation or dementia.

Results

With the exception of certain variables, murderers with major mental disorder have the same characteristics as others murderers: young man, living alone, with psychiatric and offence records and substance abuse. Murderers with major mental disorder are older (37.8 versus 31.7 years old) than perpretators without any mental disorder, and the former have a psychiatric record more often than the latter (81 versus 32.9%). In addition, contrary to the latter, the former show clinical symptoms of a psychopathological process. Depression, delusional and suicidal ideas are frequent among murderers with a major mental disorder, whereas the persons without mental disorder quarrel or have a row with their victim just before their crime. The victim was known to the perpetrator significantly more often in the major mental disorder group than in the no mental disorder group (94,6 versus 76,7%, p=0,008). The most major mental disorders’ homicide was more likely to be against intimates than strangers. The application of the former article 64 or the present article 122-1 of the French Criminal Code are envisaged more often in the major mental disorder group than in the no mental disorder group.

Conclusion

The main difference between murderers with a major mental disorder and murderers without any mental disorder is the psychopathology of the morbid process which underlies the homicide. Impairment of judgment at the time of the crime should be taken into account. As a clinician, we should focus our attention on general risk factors of violence and homicide (male, young, underprivileged class, abuse of alcohol) and on more specific factors (mental disorder co-morbidities…). To these factors should be added the dynamic characteristics of the meeting of the protagonists.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Homicide, Maladie mentale grave, Étude clinique, Criminologie

Keywords : Homicide, Major mental disorder, Clinical study, Criminology


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Vol 35 - N° 4

P. 304-314 - septembre 2009 Retour au numéro
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