Syndromes majeurs de l'hémisphère mineur - 01/01/98
Centre hospitalier universitaire Vaudois, rue du Bugnon, CH 1011, Lausanne , Suisse France
Résumé |
Depuis plus de 50 ans, l'hémisphère droit n'est plus le partenaire mineur de notre cerveau. Son rôle dominant dans plusieurs fonctions a été reconnu, ainsi que sa contribution à certains aspects des fonctions dites hémisphériques gauches. Plusieurs syndromes apparaissent suite à des lésions hémisphériques droites et pour plusieurs une lésion unilatérale droite est suffisante : la désorientation topographique, l'héminégligence, agnosie visuelle aperceptive et prosopagnosie. Les lésions hémisphériques droites entraînent plus souvent des comportements fabulatoires, des syndromes confusionnels et des aspects pseudopsychiatriques que les lésions hémisphériques gauches. Dans le domaine de la mémoire, les lésions hémisphériques droites sont associées avec des troubles de la mémoire visuospatiale, tandis que les lésions gauches sont associées avec des troubles de la mémoire verbale. Bien que les grandes fonctions langagières dépendent de l'hémisphère gauche, l'hémisphère droit joue un rôle dans la prosodie et la compréhension abstraite et figurative du langage.
Les études des patients cérébrolésés ont mené très tôt à l'élaboration des modèles concernant les fonctions hémisphériques gauches. Ainsi le modèle de Wernicke-Lichtheim-Geschwind nous offre un outil diagnostique certes simple, mais fort utile en clinique neurologique. Il est frappant qu'un modèle aussi simple n'ait pas été proposé pour aucune des fonctions hémisphériques droites. Ce manque de modèle est d'autant plus étonnant que les fonctions hémisphériques droites, pour la plupart concernées avec le traitement des données spatiales, font l'objet d'investigations chez les primates non humains.
Les grands syndromes de l'hémisphère droit ne correspondent pas à des entités monolithiques qui se présenteraient invariablement sous des aspects cliniques similaires. Ceci est le plus frappant pour l'héminégligence qui, selon les données récentes, peut prendre des formes diverses. Elle peut affecter différemment l'espace personnel et extrapersonnel, la perception et l'imagerie, les différentes modalités sensorielles, ainsi que l'action motrice en fonction d'un membre ou d'un hémiespace.
Le rôle dominant de l'hémisphère droit a été d'abord établi pour des fonctions visuospatiales [110] et les fonctions visuocognitives [39] . Seulement plus tard, les syndromes impliquant les troubles de la conscience et de la relation entre le percept et le vécu personnel, décrits au début du siècle, ont été mis en rapport avec les lésions hémisphériques droites. Plusieurs théories ont été proposées pour expliquer les syndromes que l'on observe suite à des lésions hémisphériques droites. Une d'entre elles, relativement récente, propose que les deux hémisphères ressoudent différemment des discrépances apparentes entre la réalité et le vécu subjectif [122] .
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