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Risque d’homicide et troubles mentaux graves : revue critique de la littérature - 08/12/09

Doi : 10.1016/j.encep.2008.10.009 
S. Richard-Devantoy a, , J.-P. Olie b, R. Gourevitch b
a Département de psychiatrie et psychologie médicale, CHU d’Angers, 4, rue Larrey, 49933 Angers cedex 9, France 
b Service hospitalo-universitaire de santé mentale et de thérapeutique, CHS Sainte-Anne, 7, rue Cabanis, 75014 Paris, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Introduction et objectifs

La forte médiatisation de quelques faits divers d’homicides commis par des malades mentaux tend à renforcer la représentation collective de la folie criminelle auprès de l’opinion publique. Cet article propose de clarifier l’association entre l’homicide et la maladie mentale grave, en résumant les principales données concernant cette association.

Méthode

Nous avons répertorié les principaux articles sur l’homicide dans les pays occidentaux depuis 1990. Nous avons uniquement retenu les études prospectives ou rétrospectives aux méthodologies solides concernant la prévalence de la maladie mentale au sein de la population homicidaire d’un pays donné. La recherche bibliographique a été faite par Medline, sur la période 1990–2006 inclusivement. Les homicides–suicides et les homicides commis en temps de guerre sont exclus de cette recherche. La maladie mentale « grave » de S. Hogdins, qui correspond à une définition restreinte de la maladie mentale, regroupe les diagnostics de schizophrénie, de trouble délirant et de trouble de l’humeur, alors que le DSM-IV retient une définition large des troubles mentaux, incluant les troubles psychiatriques de l’axe I, dont les abus et les dépendances à l’alcool, et les troubles de personnalité de l’axe II.

Résultats

Le sujet qui commet un homicide présente plus souvent un trouble mental défini par le DSM-IV qu’une maladie mentale grave. Actuellement, les schizophrènes, les délirants paranoïaques, les sujets souffrants d’un trouble de l’humeur représentent respectivement 3,6 à 10 %, 0,9 à 2 % et 2 à 8 %, des auteurs d’homicides. Les maladies mentales graves augmenteraient de manière significative le risque de commettre un homicide, risque multiplié par deux chez les hommes et par six chez les femmes, mais ne seraient responsables que de 0,16 cas d’homicides pour 100 000 habitants par année. Certes, le diagnostic de schizophrénie est de façon indiscutable associé à un risque plus élevé de violence homicide comparativement à l’absence de diagnostic psychiatrique. Toutefois, ce risque est moins important que celui associé à un abus de substances ou à un trouble de la personnalité antisociale : 12 fois plus de risque de commettre un homicide par rapport à la population générale chez l’homme à 52 fois chez la femme en cas d’abus ou de dépendance à l’alcool et entre 10 et 29 fois chez l’homme en cas de trouble de la personnalité.

Conclusion

L’essentiel des homicides n’est pas dû aux malades mentaux graves : 80 à 85 % des auteurs d’homicides sont indemnes de maladie mentale grave. La majorité des auteurs d’homicide ne sont pas « fous » et l’intervention psychologique et psychiatrique si elle doit avoir lieu ne vient qu’après la réponse sociale et judiciaire.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Summary

Introduction

Tragic and high profile killings by people with mental illness have been used to suggest that the community care model for mental health services has failed. It is also generally thought that schizophrenia predisposes subjects to homicidal behaviour.

Objective

The aim of the present paper was to estimate the rate of mental disorder in people convicted of homicide and to examine the relationship between definitions. We investigated the links between homicide and major mental disorders.

Methods

This paper reviews studies on the epidemiology of homicide committed by mentally disordered people, taken from recent international academic literature. The studies included were identified as part of a wider systematic review of the epidemiology of offending combined with mental disorder. The main databases searched were Medline. A comprehensive search was made for studies published since 1990.

Results

There is an association of homicide with mental disorder, most particularly with certain manifestations of schizophrenia, antisocial personality disorder and drug or alcohol abuse. However, it is not clear why some patients behave violently and others do not. Studies of people convicted of homicide have used different definitions of mental disorder. According to the definition of Hodgins, only 15% of murderers have a major mental disorder (schizophrenia, paranoia, melancholia). Mental disorder increases the risk of homicidal violence by two-fold in men and six-fold in women. Schizophrenia increases the risk of violence by six to 10-fold in men and eight to 10-fold in women. Schizophrenia without alcoholism increased the odds ratio more than seven-fold; schizophrenia with coexisting alcoholism more than 17-fold in men. We wish to emphasize that all patients with schizophrenia should not be considered to be violent, although there are minor subgroups of schizophrenic patients in whom the risk of violence may be remarkably high. According to studies, we estimated that this increase in risk could be associated with a paranoid form of schizophrenia and coexisting substance abuse. The prevalence of schizophrenia in the homicide offenders is around 6%. Despite this, the prevalence of personality disorder or of alcohol abuse/dependence is higher: 10% to 38% respectively. The disorders with the most substantially higher odds ratios were alcohol abuse/dependence and antisocial personality disorder. Antisocial personality disorder increases the risk over 10-fold in men and over 50-fold in women. Affective disorders, anxiety disorders, dysthymia and mental retardation do not elevate the risk. Hence, according to the DMS-IV, 30 to 70% of murderers have a mental disorder of grade I or a personality disorder of grade II. However, many studies have suffered from methodological weaknesses notably since obtaining comprehensive study groups of homicide offenders has been difficult.

Conclusions

There is an association of homicide with mental disorder, particularly with certain manifestations of schizophrenia, antisocial personality disorder and drug or alcohol abuse. Most perpetrators with a history of mental disorder were not acutely ill or under mental healthcare at the time of the offence. Homicidal behaviour in a country with a relatively low crime rate appears to be statistically associated with some specific mental disorders, classified according to the DSM-IV-TR classifications.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Homicide, Épidémiologie, Maladie mentale grave, Schizophrénie, Trouble délirant paranoïaque, Trouble de l’humeur

Keywords : Homicide, Epidemiology, Mental disorder, Schizophrenia, Affective disorder, Paranoia


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Vol 35 - N° 6

P. 521-530 - décembre 2009 Retour au numéro
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