Nous avons précédemment identifié six adipokines dont la production est accrue dans le tissu adipeux des sujets obèses : 3 chémokines (GRO, RANTES, MIP-1β), 1 interleukine (IL-7), 1 Tissue Inhibitor of Metalloproteinases (TIMP), et 1 facteur hématopoiétique (thrombopoiétine). L’augmentation de l’expression de ces adipokines est corrélée avec des paramètres du syndrome métabolique. Dans ce cadre, nous avons recherché si les perturbations hormonales et/ou l’état inflammatoire chronique qui accompagnent l’obésité pouvaient contribuer à la dérégulation de la production des adipokines d’intérêt. Nous avons donc étudié les effets de certaines hormones et du TNF⍺ dans des cultures d’adipocytes omentaux humains.

Le tissu adipeux omental a été obtenu de 19 patients minces (BMI : 24,7±0,6kg/m²) et de 25 patients obèses (BMI : 39,4±1,6kg/m²) appariés pour l’âge, subissant une chirurgie abdominale à titre curatif. Il a été fractionné en adipocytes et cellules stromales-vasculaires (CSV). Dans certaines expériences, les adipocytes ont été cultivés dans des milieux préalablement conditionnés (MC) par les CSV. L’expression et la sécrétion des adipokines ont été mesurées par RTQ-PCR et par ELISA/RIA, respectivement.

Le traitement des adipocytes par les hormones n’a induit qu’une augmentation modeste de certaines adipokines. En revanche, le TNF⍺ a produit des modifications marquées (jusqu’à 600 fois) et dose-dépendantes de toutes les adipokines étudiées. Nous avons donc détaillé ses effets sur des adipocytes de sujets minces et obèses. Nous avons tout d’abord confirmé que la sécrétion de TNF⍺ par les CSV était plus élevée que par les adipocytes et accrue dans l’obésité. Nous avons ensuite cultivé les adipocytes en présence de MC par des CSV et obtenu un profil sécrétoire similaire à celui produit par le TNF⍺. Par ailleurs, les modifications induites par ces MC étaient plus marquées dans les adipocytes de sujets obèses que dans ceux de minces. Enfin, elles ont été prévenues par des anticorps anti-TNF⍺.

Dans l’obésité, l’excès de production et d’action du TNF⍺ conduisent à une forte dérégulation des adipokines, ce qui aggrave l’état inflammatoire et le syndrome métabolique.