La conscience émotionnelle (CE, Lane & Schwartz, 1987) est le schème cognitif utilisé par une personne pour traiter l’information émotionnelle et se former une représentation plus ou moins élaborée de l’expérience émotionnelle (conscience de soi et conscience de l’autre). À notre connaissance, aucune étude n’a exploré l’influence de la CE sur l’équilibre glycémique de jeunes diabétiques. L’hypothèse de travail est que plus la CE est élevée, plus vite l’enfant diabétique reconnaît les épisodes d’hyper et d’hypoglycémie et ajuste son traitement, ce qui se traduit par une meilleure HbA1c.

Cinquante jeunes diabétiques de type 1 (20 filles et 30 garçons), âgés de 8 à 18 ans, ont participé à l’étude. Un questionnaire sociodémographique et les informations à propos du diabète de type 1 ont été complétés. Les taux d’HbA_1c ont été collectés sur les 12 derniers mois. Le niveau de conscience émotionnelle a été déterminé au moyen de la « Levels of Emotional Awareness Scale for Children », en français (LEAS-C, Bajgar & Lane, 2003). L’analyse des données a été faite via SPSS 14.0,

Il existe une corrélation négative entre le niveau de CE et l’HbA1c (r=-, 318 ; p<0,05). La CE explique près de 10 % de la variance de l’HbA1c. La CE augmente en fonction du nombre d’années d’études de la mère (p<0,01) et du père (p<0,05). En revanche, plus la fratrie est grande, moindre est la CE (p<0,01). Les enfants dont la langue maternelle est le français obtiennent un meilleur score de CE (p<0,05).

Une CE élevée chez des jeunes diabétiques de type 1 est associée à de moindres valeurs d’HbA1c et donc à un meilleur équilibre glycémique. La CE semble donc représenter un nouveau facteur de protection qui prédit une meilleure gestion du diabète, en expliquant environ 10 % de la variance totale d’une variable médicale, l’HbA1c. Ce résultat suggère l’importance de repérer les enfants déficitaires sur cette composante et d’envisager des prises en charge spécifiques les concernant.