La trithérapie orale associant biguanides, sulfamides et glitazones (TZD) a été autorisée tardivement et est actuellement recommandée comme alternative à l’insulinothérapie en cas d’échec de la bithérapie orale. Certains diabétiques de type 2 mis sous insuline avant cette autorisation peuvent théoriquement être sevrés de l’insuline à la faveur de cette trithérapie. Le but de l’étude était de déterminer le taux de répondeurs, défini par (a) la non reprise de l’insuline et/ou (b) une HbA1c < 8 % et/ou (c) une HbA1c diminuant de plus de 2 % après sevrage, et les facteurs prédictifs de ce succès.

Nous avons étudié rétrospectivement 35 patients diabétiques (26 femmes) de type 2 depuis 15±10 ans, sous insuline et 1,2±0,9 antidiabétiques oraux depuis 3,7±2,6 ans, âgés de 57±10 ans, ayant une HbA1c de 8,9±1,7 %. Le sevrage a été effectué sur proposition du diabétologue, essentiellement en hospitalisation (n=32), avec utilisation d’une pompe à insuline sous cutanée pendant 5 jours (n=23) avec un suivi moyen de 8±6 mois. Les données anthropométriques et leur évolution, l’histoire du diabète et son traitement, les co-morbidités et les conditions du sevrage ont été considérées.

Le succès du sevrage au 7^e jour (J7) était de 32/35 (91 %), au 6^e mois (M6) de 18/31 (57 %), à M12 de 12/29 (41 %) et à M18 de 3/21 (14 %). Les patients reprenant l’insuline dès J7 comparés aux autres avaient une durée d’insulinothérapie avant sevrage plus longue (7,8±6,7 vs 3,2±2,3 ans, p<0,01) et un C peptide post-prandial moins élevé (209±23 vs 1049±547 pM, p<0,05). Les patients en succès de trithérapie à M6 comparés à ceux en échec avaient une HbA1c au sevrage moins élevée (8,1±1,3 vs 9,4±1,4 %, p<0,05), des doses d’insuline moins fortes avant sevrage (0,5±0,3 vs 0,8±0,4 UI/kg.jour) avec une proportion de patients sous > 2 injections par jour moindre (5,5 vs 40,0 %, p<0,02).

Le sevrage de l’insuline à la faveur d’une thérapie orale initiant les TZD peut être efficace transitoirement, en particulier chez les patients sous insuline depuis peu, avec un schéma simplifié et traités par de faibles doses quotidiennes.