Identifier et analyser les représentations de la maladie auprès de personnes autochtones porteuses du diabète de type 2.

Dans le cadre de cette recherche qualitative, des entretiens semi-directifs approfondis ont été conduits au domicile de 30 personnes diabétiques de type 2 autochtones interrogées dans leur langue maternelle.

S’inscrivant dans une perspective culturaliste interprétative et s’inspirant d’un modèle sémiologico-phénoménologique, le contenu des récits traduits en français a été analysé afin de saisir l’univers de sens que les patients ont construit autour de cette maladie.

L’analyse du matériel empirique permet de cartographier les représentations de la maladie des patients selon trois axes : l’axe sémantique (celui du sens), l’axe sémiologique (celui des signes) et l’axe phénoménologique (celui de l’expérience vécue). Le décodage des réseaux sémantiques met notamment en lumière le rôle majeur joué par la cause que les patients attribuent au diabète. Cette dernière peut ainsi constituer le point d’ancrage du déni de leur maladie et expliquer, en partie, l’échec de la prise en charge thérapeutique par les cliniciens. Enfin, ces résultats illustrent de manière exemplaire, le mode de réinterprétation des messages de prévention produits par les cliniciens et leur impact sur le comportement du patient vis-à-vis de sa maladie, notamment en termes d’effets contraires, invitant ainsi les cliniciens à repenser différemment leurs pratiques professionnelles.

En contribuant à l’amélioration de la compréhension des barrières à l’observance thérapeutique de patients autochtones diabétiques de type 2, ces travaux en anthropologie médicale soulignent l’importance de l’intégration des facteurs socioculturels dans la prise en charge médicale des patients. Dans cette perspective, cette étude constitue une base de réflexion pertinente ouvrant sur l’exploration de la question des compétences culturelles des cliniciens.