La psychose est considérée dans l’épistémologie psychanalytique comme relevant de la résurgence d’éprouvés traumatiques n’ayant pu être intégrés au sein de la subjectivité. Face au retour hallucinatoire de ce vécu d’agonie primitive, le sujet psychotique se voit confronté à un envahissement pulsionnel embrasant son corps et désintégrant l’organisation unitaire de ce dernier. Au regard de la reviviscence de ces impressions traumatiques, les auteurs proposent d’approcher le délire schizophrénique moins comme une production pathologique que comme une réponse subjective visant à traiter l’état de surtension psychique morcelant l’identité corporelle du sujet. À partir de l’analyse qualitative de plusieurs vignettes cliniques, le présent article questionne ainsi l’effet cicatrisant du délire dans la problématique de la schizophrénie. Il s’agit dès lors de mettre en évidence les différentes fonctions opérées par les formations délirantes et de repérer leurs incidences sur le schéma corporel de la personne en souffrance. Enfin, en s’étayant sur les différents cas cliniques exposés, les auteurs tentent de développer certaines applications thérapeutiques qui contribuent à une atténuation possible des phénomènes de désintégration corporelle dans la schizophrénie.

Psychoanalytic epistemology considers psychosis to be linked to the resurgence of traumatic experiences that have not been assimilated by subjectivity. The hallucinatory return of this primitive agony faces the psychotic subject with a driving encroachment that attacks his body and disintegrates its unitary organisation. Considering this reliving of traumatic experiences, the authors will present schizophrenic delusion less as a pathological result than as a subjective response that aims to treat the psychic over tension, which fractures the subject’s body identity. Based on several clinical studies, this article will question the healing effect of delusion in schizophrenia. It is therefore concerned with investigating the different functions of delusion and identifying their incidence on the subject’s body image. Using the different clinical examples cited, the authors will then attempt to develop certain therapeutic applications, which contribute to a possible reduction of the body disintegration phenomena in schizophrenia.