Introduction et But de l’étude. – Comparée aux autres espèces, la viande de lapin a un niveau élevé en acide alpha-linolénique (ALA) (1, 2). Différents travaux ont ainsi étudié l’effet de l’apport dans l’aliment d’huiles/farines de poisson ou de graines de lin sur le profil lipidique de la viande. Cette synthèse détermine l’impact d’une hausse du taux d’ALA de l’aliment par ajout de graines de lin extrudées (Tradi-lin^®) sur le profil d’acides gras de la viande.

Matériel et Méthodes. – Les données proviennent à la fois de la bibliographie (3) et d’une banque de données constituée à l’EARL 3L depuis 2003 (686 analyses). Les lapins de l’EARL 3L sont sevrés à 38 jours (début des essais) et abattus à 75 jours. Ils sont nourris avec un aliment dont la proportion de Tradi-Lin^® a été ajustée d’un lot à l’autre afin de faire varier le taux d’ALA de 0,06 % à 1,36 %. Des épaules, des cuisses et/ou des râbles ont été prélevés par lot de façon aléatoire. Chacun des 3 morceaux a fait l’objet à l’Adria à Quimper d’analyses chimiques portant sur les teneurs en eau, en lipides extractibles et en protéines et une caractérisation du profil d’acides gras réalisé selon la méthode ISO 5508-5509 et de 2 tests hédoniques.

Résultats. – La synthèse des données montre qu’un enrichissement de l’aliment en ALA modifie la composition des lipides de la viande de lapin, notamment par un accroissement linéaire du taux d’ALA (y) : y = 7,8x + 1,3 pour le râble (r² = 0,79), y = 9,8x + 4,2 (r² = 0,81) pour la gigolette et y = 7,9x + 1,8 (r² = 0,72) pour la cuisse avec x la teneur d’ALA dans l’aliment. On peut ainsi définir 2 types de lapins : le type A dit « standard » (< 0,2 % d’ALA dans la viande) et le type B dit « Tradi-lin^® » (entre 0,5 % et 0,8 %) (Tableau). L’enrichissement en omega 3 (Ω3) de la viande diminue systématiquement le taux d’acides gras saturés (AGS), observations confirmées par Bernardini et al. (1999) et Dal Bosco et al. (2003), le taux d’omega 6 (Ω6) et le rapport n-6/n-3 en dessous de 5. Apporter environ 0,65 % d’ALA dans l’aliment sous forme de graines de lin extrudées permet donc d’apporter en moyenne 967 mg d’Ω3 dans 100 g de râble, 1 004 mg d’Ω3 dans 100 g de gigolette et seulement 63 mg d’Ω3 dans 100 g de cuisse.

Tableau. – Composition et appréciation de la viande.

Les résultats des tests hédoniques n’ont montré aucune différence entre les 2 régimes.

Conclusion. – Quel que soit le morceau, cette synthèse démontre une relation directe entre le taux d’ALA de l’aliment et celui de la viande de lapin. Cet enrichissement permet d’abaisser le taux d’AGS, le taux d’Ω6 et donc le rapport n-6/n-3 et ainsi d’obtenir des produits (râble et gigolette) à forte teneur en ALA pour 100 g de viande sans modification des caractéristiques hédoniques des produits.