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P291 - Études phytochimique et pharmacologique de quelques plantes médicinales centrafricaines à propriétés antidiabétiques - 11/05/11

Doi : 10.1016/S1262-3636(11)70917-X 
J.-N. Koane 1, J.-L. Syssa-Magalé 1, J.-M. Ouamba 2
1 Université de Bangui, Bangui, Central African Republic 
2 Université Marien Ngouabi, Brazzaville, Congo 

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Résumé

Introduction

De nos jours, les maladies endémiques comme l’onchocercose, l’hépatite, la malaria, le diabète ou encore le sida sont parmis les fléaux contre lesquels, les pays du tiers-monde en général et les pays africains en particulier doivent faire face avec des moyens, surtout financier, limités. Les conséquences qui en résultent sont entre autres :

l’enchérissement de certains médicaments qui ne sont pas accessibles à la majorité des populations souvent éloignées des centres de santé.
la manifestation, pour des raisons socioculturelles, d’une certaine méfiance des personnes vivants notamment en zones rurales à l’égard de la médecine moderne, préférant se tourner auprès des guérisseurs traditionnels qui ne maîtrisent pas très souvent des notions comme le dosage des remèdes à administrer à leurs patients.

Le corollaire de tout ceci est une morbidité et une mortalité croissantes qui ralentissent le développement des pays concernés et par là accentuent la pauvreté de leurs populations

Pour résoudre ces problèmes spécifiques de santé publique en Centrafrique, en particulier, l’une des voies nous semble être l’utilisation et la valorisation des plantes médicinales dont nos forêts regorgent à profusion et qui ont déjà fait la preuve de leur efficacité.

Dans le cadre de notre projet de recherche en vue d’obtenir le doctorat Ph. D et pour apporter notre modeste contribution à résoudre les problèmes de santé publique, nous avons focalisé notre attention sur l’un de ces fléaux, le diabète, qui a été reconnu par l’Organisation Mondial de la Santé (OMS) comme étant une priorité urgente sur le plan national et international (1,2).

En effet, le taux de prévalence du diabète dans le monde, selon les prévisions faites par des experts (3), était de 4 % soit 135 millions de personnes en 1995, ce taux atteindrait 5,4 % soit 300 millions de personnes en 2025. Les plus fortes progressions de cette maladie insidieuse et rampante seront observées dans les pays en voie de développement : on aura en effet une augmentation de 17 % soit une progression de 84 à 228 millions de malades entre 1995 et 2025. Au cours de la même période en Centrafrique la progression du taux de prévalence du diabète sera parmi les plus importantes, passant ainsi de 72000 à 210000 diabétiques (4).

En Centrafrique, une bonne frange de diabétiques est actuellement âgée entre 40 à 65 ans (5), ce qui a pour contrecoup de mettre en cause notre politique de développement, dans la mesure où cette catégorie de malades sont des travailleurs qui jouent un rôle important dans la construction de la nation. Ils auront plutôt, pendant les nombreuses années où ils sont censés produire, à faire face à des complications chroniques de leur maladie, ce qui impliquera l’utilisation des ressources pour leur suivi médical constant, très souvent coûteux pour l’Etat et leur famille (6,7).

Il convient enfin de souligner que l’objectif du programme Pharmacopée et Médecine Traditionnelles Africaines du CAMES est de mettre à la disposition des populations africaines des Médicaments Traditionnels Améliorés (MTA) afin de résoudre le crucial problème de médicaments, et créer progressivement les conditions de l’implantation de la future industrie pharmaceutique africaine.

La non atteinte des objectifs depuis le développement de ce programme, a amené le 13e Colloque sur la Pharmacopée et la Médecine Traditionnelles Africaines (PMTA), tenu à Yaoundé (Cameroun) du 06 au 10 décembre 2004, à réagir aux critiques du Comité de Pilotage (Audit de l’AUF), et à suggérer la création à l’intérieur du programme, dans un but de rationalisation, trois zones géographiques avec chacune d’elle des pathologies cibles en plus du VIH/SIDA :

1.
Afrique de l’Ouest : Paludisme ;
2.
Afrique Centrale : Maladies hypertensives et métaboliques ;
3.
Afrique de l’Est et Madagascar : maladies diarrhéiques.

Pour la poursuite du programme, il était nécessaire d’identification des Projets de Recherche - Développement élaborés dans chaque sous région et prenant en compte les préoccupations ciblées, le Secrétariat Général du CAMES se chargeant de rechercher les financements nécessaires à la réalisation des activités.

Le Réseau PMTA Afrique Centrale, crée en décembre 2005 et coordonné du Professeur Jean-Maurille OUAMBA, participe aux travaux sur les maladies diarrhéiques en rassemblant les données de la sous région sur la question à travers des projets de recherche ou de thèse dont celui-ci.

Matériels et méthodes

En général, cinq (5) espèces médicinales ont été identifiées et inventoriées à Bangui et ses environs dans le cadre du traitement du diabète par les tradipraticiens (cf. tableau)

Nom scientifique (Famille) Organes utilisés Noms vernaculaires

+ Noms vulgaires (Issongo) Usage médical

Morinda Lucida Bth. (Rubiaceae) Feuilles, Ecorces Mokekele Le décocté des feuillées et écoreces est utilisé pour la toilette du diabétique

Persea americana Mill. (Lauraceae) Feuilles Avocatier Deux petites poignés de feuilles coupées en petits morceaux, faire infuser dans un litre d’eau à boire au cours de la journée

Ocimum gratissimum L. (Lamiaceae) Feuilles Ngbanda Le maladie diabétique consommera le macéré des feuilles comme boisson

Citrus aurantifolia L. (Rutaceae) Feuilles Moguembeguembe

Citronnier Contre le diabète, le décocté des feuilles fraîches est mélangé au miel

Paullinia pinnata L. (Sapindaceae) Feuilles Gagambolo Les feuilles mélangé avec du sésame légèrement grillé est consommé par le malade trois fois par jour

Le matériel végétal est constitué par les feuilles, racines, écorces récoltés dans la région de Bangui et ses environs. Ces plantes sont aussi utilisées traditionnellement pour le traitement de plusieurs maladies. Leur identification botanique a été réalisée à la Faculté des Sciences au Département des Sciences de la Matière de l’Université de Bangui. Les échantillons sont séchés à la température ordinaire du laboratoire à l’abri du soleil puis broyé et extrait.

La méthodologie suivante est adoptée :

Enquête ethnobotanique :
L’identification des tradipraticiens ;
La récolte des échantillons botaniques de plantes désignée par les tradipraticiens par équipe d’étude ;
La recherche documentaire sur les propriétés pharmacologiques de ces plantes récoltées et leurs différentes utilisations en médecine traditionnelle dans la pharmacopée africaine (Congolaise, Camerounaise, Sénégalaise et Centrafricaine dont nous disposons)
Étude phytochimique :

Plusieurs solvants seront utilisés pour l’extraction du matériel végétal. Les différentes parties de la substance végétale seront choisies à partir des usages thérapeutiques des tradipraticiens selon le solvant utilisés. L’extraction pourra se faire à froid (Macération) ou à chaud (Soxhlet).

Par la suite, ces différentes extractions seront effectuées au laboratoire de Chimie ; un criblage chimique sera effectué sur les extraits bruts des différents échantillons afin de mettre en évidence la famille des alcaloîdes, triterpènes, flavonoïdes, stérols, tanins, saponosides, etc., d’après la méthode décrite par Abayomi (1996).

Enfin, on arrivera à l’isolement, purification et détermination des structures des principes actifs : pour y parvenir, il nous est nécessaire de faire appel à des techniques analytiques de séparation et/ou de caractérisation. La technique la plus couramment utilisée est la Chromatographie Liquide Haute Performance (HPLC), dans le but d’isoler les principes actifs des extraits afin de fractionner et de les purifier. L’utilisation de l’infrarouge (I. R), la Spectrométrie de Masse (S. M), etc., nous permet d’identifier la structure moléculaire des composés.

Évaluation des activités pharmacologiques :

Cette tâche se résume à l’évaluation de la toxicité et de l’activité anti-hyperglycémiante avec le concours des biologistes du réseau PMTA Afrique Centrale.

Recherche documentaire :

Elle sera mise à contribution pour comparer les usages thérapeutiques des espèces recensés dans le cadre de notre travail à ceux des plantes étudiées dans d’autres pharmacopées notamment celle du Congo, du Sénégal et celle de l’expédition ethnobotanique menée en Empire Centrafricaine.

Résultats

4. Constitution d’une banque de données sur les plantes à potentialités antiglycémiantes (screening chimique des extraits, évaluation de l’activité biologique des fractions, isolement des principes actifs, corrélation « structure - activité) ;

5.
Confirmation ou infirmation des domaines d’utilisation de ces végétaux et de leur intérêt pharmaceutique ;
6.
Publication des résultats (rapports d’activités, articles scientifiques, éventuellement brevets et ouvrage).
7.
Soutenance d’une thèse de doctorat de l’Université Marien Ngouabi ;
8.
A moyen terme, formulation des médicaments traditionnels améliorés.

Conclusion

Au niveau du plateau technique, nous bénéficierons du plateau technique de l’Université de Bangui et de l’Université Marien Ngouabi où fonctionnent depuis 6 à 7 ans les formations doctorales ; et particulièrement, nous mettrons à profit les compétences et le matériel scientifique de la formation doctorale Valorisation des plantes aromatiques, alicamentaires et médicinales, du Pôle d’Excellence Régional AUF « Formation et Recherche sur la Pharmacopée et la Médecine Traditionnelles Africaines » et du Réseau PMTA Afrique Centrale du CAMES dont le siège est l’Université Marien Ngouabi de Brazzaville et placé sous la coordination du Professeur Jean-Maurille OUAMBA.

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  • J.-D. Lalau, F. Kajbaf

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