Si le champ des médiations thérapeutiques a depuis longtemps imposé sa légitimité dans les espaces de soins, les médiations corporelles semblent-elles conserver un statut plus singulier, en particulier dans les institutions psychiatriques pour adolescents et jeunes adultes. L'ergothérapie classique s'est modelée aux nouveaux médiateurs de l'adolescence (jeux vidéos, multimédias, cinéma...), mais a aussi opéré un glissement vers des activités impliquant plus explicitement le corps, là où tout rapproché avec le corps de l'adolescent était souvent exclu de modalités thérapeutiques privilégiant le verbal comme voie d'accès principale à la relance des processus de symbolisation. Nous avons souhaité réfléchir à la place et à la fonction de ces médiations corporelles comme mode d'approche privilégié de certains patients, ailleurs plus réfractaires aux autres types de prise en charge, et centrer notre approche sur l'escalade pratiquée à l'hôpital de jour soins-études (Clinique Dupré). Notre hypothèse est que le cadre de l'escalade en salle offre des conditions d'apprentissage et de sécurité optimales qui autorisent des phénomènes régressifs rapportés à la répétition d'expériences de détresse précoces. L'escalade comme médiateur ouvre la voie thérapeutique permettant le retraitement corporel de ces expériences précoces non symbolisées.

The legitimacy of therapeutic mediations has long been asserted in care centres. Yet non verbal, body-oriented mediations appear to have retained a singular status, particularly in those psychiatric institutions concerned with the adolescent and the young adult. Traditional ergotherapy has adapted to the new mediators of the young (video games, multimedia, cinema, etc.). At the same time it has made a step in the direction of occupations which involve the physical body more explicitly - when any such association had usually been excluded from therapeutic mediations that privileged the verbal expression as the principal tool to restart the symbolisation process. We have set out to investigate the part such body-oriented mediations play, and whether they are a superior mean in dealing with patients resistant to other forms of assistance. We have concerned ourselves with the indoor climbing activities which take place in the out patient “care and study” department of the hospital (Clinique Dupré). We reason that the learning and safety aspects of indoor climbing permit to re-enact regressive phenomena associated to the repetition of early experiences of distress. Climbing as a mediation opens the therapeutic doors by allowing the physical resurrection of those early experiences which had yet to be symbolised.