Du mal de dos au mal de vivre - 16/02/08
Jean-Paul MIALET [1]
Voir les affiliationsDu mal de dos au mal de vivre. Un point de vue holistique sur les contributions psychopathologiques à la douleur |
Les rachialgies sont des douleurs fréquentes et invalidantes ; elles touchent l'adulte jeune et évoluent souvent vers la chronicité, posant un problème de santé publique. L'aspect mécanique de la douleur est volontiers surestimé. Dans ce travail, nous rapportons cinq observations qui montrent comment la défaillance somatique se conjugue avec l'ensemble des facteurs psychologiques et psychopathologiques - ce que nous appelons le contexte psychoaffectif - pour déterminer la douleur. Nous résumons, sur un schéma, les trois modes de participation du contexte psychoaffectif à l'état douloureux : a) physiologique, par une mise en alerte du système d'éveil qui augmente la tension musculaire et facilite la détection de signaux sensoriels, b) émotionnel, par le biais de l'anxiété qui amplifie le stress douloureux et crée un climat de menace, c) cognitif, par un double biais : biais de l'attention qui se focalise sur la zone sensible, et biais de jugement qui interprète comme alarmantes toutes les informations provenant de cette zone. L'anxiété et le biais cognitif dépendent de la personnalité du patient, de son histoire et de la place qu'occupe son corps dans son équilibre narcissique. Un état dépressif s'associe fréquemment aux douleurs, provoquant une aggravation de l'angoisse et une accentuation du biais cognitif. Tous ces facteurs peuvent mener à une somatisation et à une douleur chronique à partir d'une expérience douloureuse, même minime.
From back pain to life-discontent. A holistic view of psychopathological contributions to pain |
Back pain is a common and disabling condition; it afflicts young adults, and often pursues a chronic course - representing a major public health problem. The physical component of such pain is often overestimated. This paper describes five cases demonstrating how somatic factors can interact with psychological and psychiatric factors - i.e. the 'psychoaffective context' - to determine the degree of perceived pain. In a schema, we summarize the three ways in which the psychoaffective context may contribute to pain: i) physiologically, as a result of increased arousal, leading to muscle tension and perceptual hypervigilance, ii) emotionally, as a result of anxiety leading to stress and feeling of threat, and iii) cognitively, as a cognitive bias caused by increased attention to signals from the target region, and by an increased tendency to interpret these signals as aversive. Personality factors, autobiographical memory, and the place devoted to the body within the narcissistic equilibrium contribute to the degree of anxiety and cognitive bias. Moreover, anxiety and the cognitive bias are also exacerbated by the depressive syndrome that often accompany such pain. Collectively, these factors can lead to a somatization disorder and to chronic pain, even in response to an experience of minimal pain.
Mots clés : Rachialgie , Facteurs psychiatriques , Facteurs psychologiques , Troubles de l'humeur , Biais cognitif , Attention
Keywords:
Back pain
,
Psychiatric factors
,
Psychological factors
,
Mood disorders
,
Attention
,
Cognitive bias
Plan
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Vol 154 - N° 4
P. 219-226 - septembre 2003 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.