Buprénorphine haut dosage et pratiques d’injection - 16/02/08

Doi : AMI-06-2003-154-HS1-0003-410X-101019-ART5 

Pascal COURTY

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Buprénorphine haut dosage et pratiques d’injection. À propos d’une enquête auprès de 303 personnes

En France, une étude de type naturaliste a été menée, fin 1999, avec l’Institut Louis-Harris, sur un échantillon de 303 personnes prenant un traitement de substitution par la buprénorphine haut dosage (BHD). Cette étude a pour objectif d’identifier les éléments susceptibles d’être corrélés à l’arrêt ou à la persistance de l’injection de ce médicament. Une analyse comparative a été menée entre 4 groupes de personnes prenant de la buprénorphine HD : « non-injecteurs », « ex-injecteurs », « injecteurs ayant eu le médicament sur prescription systématique », et « injecteurs autre obtention » (pouvant s’être procuré le médicament par un autre moyen que la prescription), respectivement de 90, 72, 69, 72 personnes et présentant une représentativité intra-groupe. Les données ont été recueillies lors d’interviews anonymes réalisées par des enquêteurs neutres, dans 20 régions.

Les résultats montrent que la grande majorité des interviewés sont des poly-usagers ou ex-poly-usagers de substances psychoactives et mettent en évidence un contraste entre le groupe des « non-injecteurs » et celui des « injecteurs autre obtention » plus jeunes, plus souvent désinsérés. Parmi les injecteurs, la fréquence d’injection est moindre chez les sujets pris en charge médicalement.

La recherche des motivations et des freins à l’injection de la buprénorphine HD met en évidence des variables incitatrices, comme l’impossibilité de rompre avec l’habitude d’injecter, la recherche de sédation immédiate et la rencontre avec des personnes proches qui injectent, variables dont l’influence semble maximale lors de période critique comme les moments de déprime ou de mal-être. À l’inverse sont mis en évidence des facteurs freinateurs comme la réévaluation des modalités de prise du médicament avec le médecin et une sensibilisation des problèmes consécutifs à cette injection effectuée par le médecin et/ou par l’expérience des problèmes.

Dans tous les groupes, des bénéfices associés à la prise de la buprénorphine HD ont été notés, évalués à partir d’une batterie de 14 items. Cinq bénéfices sont principalement associés : diminuer ou arrêter l’héroïne, mieux se soigner, faire à nouveaux des projets, être en meilleure forme physique et, enfin, mieux dormir. L’amélioration est plus nette chez les « non-injecteurs » et « ex-injecteurs ».

Le travail nécessaire à une prise en charge médicale efficace apparaît global avec une première prescription adaptée, une attention particulière aux périodes critiques, une vérification des modalités de prise conduisant à un sous dosage relatif et une évaluation continue des risques de recours à l’injection.

Le fait, qu’il existe des ex-injecteurs et qu’une partie des injecteurs suivis n’ait pas recours à la voie IV au cours du dernier mois démontre les bénéfices de cette prise en charge.

High dosage buprenorphine and injection practices. A study of 303 patients

In France, by the end of 1999, a study of a naturalistic-type was led by the Louis-Harris Institute on 303 persons taking high dosage (HD) buprenorphine. This study aimed to identify factors likely to be correlated with stopping or continuing HD buprenorphine injections. We carried out a comparative study of four groups of HD buprenorphine users: “ non-injectors ” (n=90), “ ex-injectors ” (n=71), “ monitored injectors ” (n=69) and “ un-monitored injectors ” (n=72), with intra-group representativeness. The data was gathered in the context of anonymous interviews, by objective interviewers, in 20 regions.

Most of the interviewees were also users or ex-users of more than one psychoactive substance. The “ un-monitored injector ” group was younger than the “ non-injector ” group and not as well integrated into society. The injection frequency was lower in patients receiving medical care.

Research into the reasons for stopping and cutting down on HD buprenorphine injections revealed indicators such as the impossibility of breaking the injection habit, the fact that users seek the immediate sedation effect, and associating with friends who also inject. These factors seem to be greatest during critical periods, such as depression or the absence of well being. We showed that the factors involved in cutting down included : revaluation of the way in which the medicine was taken with the doctor, and becoming aware of the problems resulting from injection through information received from the doctor and/or by experiencing problems firsthand.

In all the groups, the benefits associated with taking HD buprenorphine were observed and evaluated, starting with a list of 14 items. Five main benefits were found: cutting down on or stopping heroine, taking better care of oneself, making new plans, being in better physical shape, and finally, sleeping better. The improvement was greatest in the “ non-injector ” and “ ex-injector ” groups.

The work that would be necessary to establish effective medical support involves a global approach including an appropriate initial prescription, paying special attention during critical periods, and verification of the mode of use so as to avoid under-dosing, and constant evaluation of the risk of resorting to injections.

The fact that there are ex-injectors and that some regular injectors have not resorted to injecting during the last month shows the benefits of medical support.


Mots clés : Traitement de substitution, Buprénorphine haut dosage, Toxicomanie, Injection.

Keywords: Substitution treatment, High dosage buprenorphine, Addiction, Injection.


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Vol 154 - N° HS1

P. 35-45 - juin 2003 Retour au numéro
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