Longtemps la médecine a donné à penser qu'il était dans ses possibilités de « tout faire, tout maîtriser », mais le développement des maladies chroniques l'amène à faire face à de grands bouleversements dans la conception même des soins. Les maladies chroniques sont des problèmes de santé, des maladies de longue durée, qui rompent l'équilibre de vie de la personne et font naître « une interrogation sur le sens de la vie ». Aujourd'hui, suite à des contraintes économiques, au développement des biotechnologies et à l'essor des nouvelles technologies de l'information, la personne-malade revendique une place plus participative dans son parcours de soin. Partant du postulat que la maladie est un moment/une expérience de vie qui engage l'apprentissage, nous proposons d'observer l'émergence de nouveaux profils de malades au regard des savoirs qu'ils développent. Grâce à trois entretiens menés sur le mode informel (de type conversation courante) et dans des espaces ou des temps de partage de vie quotidienne (voiture, bureau, salle à manger), nous avons pu saisir comment les malades sont entrés « dans leur métier de malade » en renversant cette situation de soignant-actif et de soigné/patient-passif. Dès lors, de nouvelles pratiques se mettent en place, notamment parce que ces maladies suggèrent nombre de changements de comportements, auxquels les professionnels de la santé sont confrontés. Dans une « zone d'expertise » où se rencontrent la responsabilité professionnelle d'un « médecin savant » et la responsabilisation citoyenne d'un « malade sachant », il y a la nécessité de réinventer un mode relationnel tout en considérant les dangers d'une instrumentalisation du malade.