Réflexions sur spiritualité, religion et psychiatrie - 18/09/12
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Résumé |
Dans cet article, nous étudions la relativité culturelle de l'expérience religieuse. Nous proposons une analyse historique de la notion de spiritualité, afin de considérer cette expérience comme un projet transcendantal, tant individuel que collectif, ses formes et ses résultats, à partir des religions monothéistes du Bassin méditerranéen. Notre approche suit la méthodologie d'une psychopathologie générale comparée. Quels parcours phénoménologiques ont permis de partir d'une tendance individuelle générale à trouver appui sur le sentiment de la déité pour structurer un projet transcendantal échappant aux représentations péremptoires du divin ? Quelles homologations sociales ont été édifiées par les Églises institutionnelles pour se porter garantes de croyances invérifiables, au risque de cautionner « un délire culturel » ? Quelle économie psychique permet de perpétuer les expériences riches de tension/plaisir vécues dans les formes extrêmes de transcendance ? Quelle politique culturelle permet de maintenir une clinique psychiatrique en position de « servante laïque » des piliers de la foi ? Nous inspirant de la neurologie aux confins de la spéculation, cet article se centre sur l'expérience de l'intuition de dualité, comme moment où se rassemblent les premières interactions entre le Moi et le Non-Moi, reflet des premières catégories ontiques de la construction d'une ébauche de connaissance du terrestre et ce qui se réfère à d'autres champs. On soutient que l'antinomie entre culture scientifique et culture religieuse, après s'être implantée dans les cultures monothéistes occidentales, a nécessité le recours à un double registre relationnel, devant un monde désormais dual, comme dédoublé. L'usage et la théorisation de ce double registre peuvent conduire à une tendance à ce que nous appelons « dissociation », pouvant expliquer la multiplication et la chronicisation de syndromes dissociatifs, tant en Occident que dans des cultures traditionnelles de pays en voie de développement. Sur un plan épistémologique, on critique la connivence entre pensée psychiatrique et pensée religieuse pour bannir la spiritualité du champ de la recherche scientifique. On propose, en revanche, une ouverture herméneutique de la dimension spirituelle prenant en compte des interprétations polysémiques et interculturelles. Notre propos est d'apporter à la psychiatrie d'autres instruments de connaissance, pouvant être utiles au psychiatre dans la prise en charge clinique et thérapeutique des formes de pathologie à thème religieux.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots-clés : Culture, Spiritualité, Religion, Conscience, Schizophrénie, Psychothérapie
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