L'acquisition du langage de l'enfant se conçoit dans l'interaction entre l'environnement psychoaffectif et socioculturel et les mécanismes biologiques sous-tendant les différentes compétences linguistiques et cognitives. Cela explique l'extrême diversité dans laquelle s'inscrit les particularités du développement de chaque enfant. Le nouveau-né a déjà des compétences perceptives. Grâce à la prosodie de la parole, à ses compétences perceptives auditives et visuelles, il va constituer un lexique réceptif dès la fin de la première année, puis expressif avec un brusque accroissement du vocabulaire entre 12 et 30 mois. La maturation des capacités articulatoires et phonologiques, en lien avec la maturation de la coordination motrice buccofaciale, assure ensuite la prononciation correcte de ses mots. Leur assemblage, début de la construction syntaxique, apparaît dès 20 mois, puis l'enfant va augmenter la longueur des phrases et acquérir les structures syntaxiques et grammaticales de sa langue. La construction du récit se développe encore en primaire, dépendant fortement des compétences de compréhension et d'expression écrites. Les progrès considérables des sciences cognitives apportent un nouveau regard, essentiel pour la compréhension et la prise en charge des troubles du langage oral. Mais les troubles du langage n'ont pas une valeur univoque : ils peuvent s'inscrire dans une autre pathologie primitive ou bien être isolés, primitifs et spécifiques et sont aussi très étroitement intriqués dans les relations de l'enfant avec son environnement psychoaffectif et socioculturel. La démarche de repérage, dépistage et diagnostic des situations où le langage oral de l'enfant ne suit pas la courbe habituelle, nécessite à la fois la connaissance de repères et une démarche souvent pluridisciplinaire coordonnée par un médecin formé. Les liens entre le développement du langage oral et celui du langage écrit sont étroits et complexes. Certains aspects langagiers, comme la conscience phonologique, prédisent le développement du déchiffrement et de l'orthographe phonétique. La compréhension du langage écrit dépend d'autres compétences en langage oral, en particulier des connaissances en vocabulaire, et du niveau de compréhension orale. Une prise de conscience se profile chez les professionnels de la santé et de l'éducation sur la possibilité d'optimiser le devenir des troubles spécifiques du développement du langage. Il reste à améliorer encore la qualité du diagnostic, les modalités et la coordination du traitement et de la pédagogie, ainsi que le suivi de l'enfant et l'accompagnement des familles.