Signal de pharmacovigilance pour un risque différent de thrombose entre l’eltrombopag et le romiplostim : étude de disproportionnalité dans la base de pharmacovigilance de l’Organisation mondiale pour la santé - 02/12/14
Résumé |
Introduction |
Le romiplostim et l’eltrombopag sont deux agonistes du récepteur de la thrombopoïétine (AR-TPO) ayant une autorisation de mise sur le marché dans le traitement de la thrombopénie immunologique (TI). Des thromboses ont été rapportées avec les deux médicaments. Or ils ont des mécanismes d’action in vitro et un profil d’effets indésirables différents. L’objectif de ce travail était de rechercher un signal pour un risque différent de thrombose entre l’eltrombopag et le romiplostim.
Patients et méthodes |
Il s’agit d’une étude de disproportionnalité (étude cas/non-cas) dans la base de pharmacovigilance de l’Organisation mondiale pour la santé (Vigibase) qui collige les notifications d’effets indésirables des bases nationales de pharmacovigilance de plus de 130 pays. Nous avons sélectionné toutes les notifications avec exposition à un AR-TPO entre le 1er janvier 2011 et le 31 décembre 2013 (période de commercialisation des deux AR-TPO dans la plupart des pays). Las cas étaient toutes les notifications de thromboses, identifiées par des Standardized MedDRA Queries validées puis vérifiées par deux investigateurs indépendants. Les non-cas étaient toutes les autres notifications pendant la même période d’étude. L’exposition à l’eltrombopag (comparée au romiplostim) a été recherchée chez les cas et les non-cas, permettant de calculer un reporting odds ratio (ROR) assorti de son intervalle de confiance à 95 % (IC 95 %). Les analyses ont été ajustées sur l’âge, le genre, la maladie sous-jacente, l’exposition aux immunoglobulines, au danazol, au rituximab, aux contraceptifs oraux et autres médicaments pro-thrombotiques. Une analyse de sensibilité a été conduite en se restreignant aux observations où le notificateur était médecin.
Résultats |
Parmi 2 733 224 notifications enregistrées pendant la période d’étude, 4714 comportaient une exposition à un AR-TPO, dont 598 cas de thromboses : 203 thromboses artérielles (TA, dont 110 infarctus du myocarde – IDM – et 94 accidents vasculaires cérébraux – AVC) et 324 thromboses veineuses (TV, dont 131 embolies pulmonaires, 45 thromboses portales et 17 thromboses cérébrales). L’indication était une TI dans 96,6 % des cas. En analyse multivariée, il y avait un excès de risque de thrombose avec l’eltrombopag (ROR=1,46 IC 95 % [1,18–1,82]). Le ROR était 1,46 IC 95 % [1,10–1,94] pour les TV, 1,29 IC 95 % [0,89–1,87] pour les TA, 1,53 IC 95 % [0,96–2,8743 pour les IDM et 1,28 IC 95 % [0,79–2,05] pour les AVC. En se restreignant aux notifications faites par des médecins (75,8 %), les valeurs de ROR augmentaient discrètement, atteignant la significativité statistique pour les TA et les AVC. Comme attendu, l’âge était un facteur indépendant de thrombose, tout comme le genre (masculin pour les TA et féminin pour les TV). L’exposition aux contraceptifs oraux était indépendamment associée aux TV et l’exposition aux immunoglobulines polyvalentes était associée aux IDM.
Conclusion |
Cette étude d’envergure a permis de détecter un signal vers un excès de risque de thrombose sous eltrombopag par rapport au romiplostim. Il doit être confirmé ou infirmé par des études pharmacoépidémiologiques sur larges bases de données populationnelles.
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Vol 35 - N° S2
P. A64-A65 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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