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Caractéristiques cliniques et paracliniques des uvéites syphilitiques - 19/03/15

Doi : 10.1016/j.jfo.2014.09.011 
A.-S. Marty a, , P.-L. Cornut b, H. Janin-Manificat a, L. Perard c, F. Debats d, C. Burillon a
a Service d’ophtalmologie, hôpital Édouard-Herriot, 5, place d’Arsonval, 69003, Lyon, France 
b Centre ophtalmologique pôle vision, clinique du Val-d’ouest, 39, chemin de la Vernique, 69130, Écully, France 
c Service de médecine interne, hôpital Édouard-Herriot, 5, place d’Arsonval, 69003, Lyon, France 
d Hôpital de la Croix-Rousse, service d’ophtalmologie, 103, Grande rue de la Croix-Rousse, 69004, Lyon, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Introduction

L’infection à Treponema pallidum est à l’origine d’atteintes ophtalmologiques polymorphes et peu spécifiques, dont le diagnostic précoce et l’instauration d’un traitement adapté conditionnent l’évolution. La recrudescence de cette affection depuis plusieurs années impose à l’ophtalmologiste de l’évoquer devant toute atteinte inflammatoire intraoculaire.

Objectif

Préciser les caractéristiques épidémiologiques, anatomocliniques, paracliniques et évolutives des uvéites syphilitiques.

Matériel et méthodes

Étude rétrospective, descriptive, non comparative d’une série de cas de patients hospitalisés entre 2007 et 2013 dans notre service d’ophtalmologie pour la prise en charge d’une inflammation oculaire associée à une sérologie plasmatique syphilitique positive.

Résultats

Treize patients d’âge moyen de 52,5ans±12,9 (33–82ans) ont été inclus. Tous étaient de sexe masculin et ont été suivis durant six mois. Une co-infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) était associée chez quatre d’entre eux. Les autres facteurs de risque retrouvés à l’interrogatoire étaient des rapports sexuels non protégés, des partenaires multiples, des rapports homosexuels, une co-infection par une infection sexuellement transmissible (IST) ou un métier à risque. Il existait une baisse de l’acuité visuelle (AV) ressentie chez tous les patients (AV initiale moyenne 0,71±0,81 LogMAR, soit environ 2/10). L’atteinte était bilatérale dans 38 % (n=5) des cas. Un œdème papillaire était présent chez 10 patients. Sept patients ont présenté des vascularites, 6 patients une rétinite nécrosante, 2 patients des lésions placoïdes, 7 patients une panuvéite et 2 patients un œdème maculaire. Nous n’avons pas retrouvé de patients présentant une uvéite antérieure isolée. Trois patients présentaient une atteinte extra-oculaire concomitante à type de lésions cutanées palmoplantaires. La tomographie par cohérence optique en spectral domain (SD-OCT) a retrouvé une fragmentation de la membrane limitante externe et une désorganisation de la ligne ellipsoïde chez deux patients. Le liquide céphalo-rachidien a été étudié chez tous nos patients. Pour huit d’entre eux, une méningite lymphocytaire à pu être retrouvée ainsi que la présence d’anticorps anti-Treponema pallidum hemagglutination assay (TPHA) chez 9 patients et anti-veneral disease research laboratory (VDRL) chez 1 patient. La polymerase chain reaction (PCR) syphilis dans l’humeur aqueuse était positive dans 50 % (n=6) des cas étudié et la PCR du virus Epstein Barr est revenue positive dans quatre prélèvements sur huit. Des réactions faussement positives ont pu être observées avec la maladie de Lyme pour huit patients. Les quatre patients séropositifs pour le VIH présentaient une atteinte bilatérale plus fréquente mais cependant moins sévère et de bonne évolution. Une antibiothérapie par ceftriaxone (2g par jour en intramusculaire pendant 15 à 21 jours) et un traitement local (corticoïdes, mydriatiques) en cas d’inflammation du segment antérieur ont permis une régression de l’inflammation chez tous nos patients ainsi qu’une amélioration de l’AV (AV finale moyenne 0,09±0,17 LogMAR, soit environ 8/10). À noter la survenue d’une réaction de Jarisch Herxheimer qui s’est résolue sous corticothérapie générale. Une altération de l’épithélium pigmentaire constituait la principale cicatrice dans 44 % des cas (n=8 yeux).

Conclusion

Toutes les structures oculaires pouvant être concernées, la syphilis doit être systématiquement recherchée lors du bilan étiologique d’une inflammation intraoculaire même en l’absence de facteur de risque évident à l’interrogatoire. Les patients séropositifs pour le VIH doivent être traités de la même façon que les patients immunocompétents. La collaboration avec le médecin interniste est indispensable dans le bilan d’extension à la recherche d’une neurosyphilis. Le pronostic est favorable en cas de traitement précoce.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Summary

Introduction

Syphilis, caused by Treponema pallidum agent, results in polymorphic and non-specific ocular manifestations. Early diagnosis and institution of individualized treatment play a large role in the prognosis. The increase in syphilis over the past several years requires the ophthalmologist to consider this diagnosis in the setting of any intraocular inflammatory involvement.

Purpose

To describe epidemiological, clinical and paraclinical features and natural history of syphilitic uveitis.

Materials and methods

Retrospective, descriptive and non-comparative study of a series of patients hospitalized between 2007 and 2013 in our department of ophthalmology for management of ocular inflammation associated with a positive syphilitic serology.

Results

Thirteen patients of mean age 52.5 years±12.9 (33–82 years) were included. All were male and were followed for six months. Co-infection with human immunodeficiency virus (HIV) was present in four of them. Other risk factors discovered on history were unprotected sexual relations, multiple partners, homosexual relations, co-infection with another sexually transmitted disease (STD) or an occupational risk. Decreased visual acuity (VA) was present in all patients, with an average initial VA of 0.71±0.81 LogMAR, i.e. 2/10. Involvement was bilateral in 38% (n=5) of cases. Papilledema was present in 10 patients. Seven patients exhibited vasculitis, 6 patients a necrotizing retinitis, 2 patients with placoid lesions, 7 patients with panuveitis and 2 patients with macular edema. We did not find any patients with isolated anterior uveitis. Three patients exhibited concomitant extraocular involvement with cutaneous palmoplantar lesions. Spectral domain optical coherence tomography (SD-OCT) found a fragmentation of the external limiting membrane and a disorganization of the ellipsoid line in two patients. Cerebrospinal fluid was studied for all patients. Eight of them exhibited lymphocytic meningitis, and we found the presence of anti-Treponema pallidum hemagglutination assay antibody (TPHA) in 9 patients and anti-veneral disease research laboratory antibody (VDRL) in 1 patient. Syphilis polymerase chain reaction (PCR) in the aqueous humor was positive in 50% (n=6) of studied cases and the PCR for Epstein Barr virus came back positive in four specimens out of eight. False positive reactions were observed for Lyme disease in eight patients. The four HIV-positive patients showed bilateral lesions more frequently, but less severe and with a favorable outcome. Antibiotic treatment with ceftriaxone (2 grams per day intramuscularly for 15 to 21 days) and local treatment (corticoids and mydriatics) in the case of inflammation of the anterior segment, allowed a regression of the inflammation in all of our patients as well as an improvement in VA (average final VA 0.09±0.17 LogMAR, i.e. approximately 8/10). One Jarisch Herxheimer reaction occurred and was resolved with systemic corticosteroid therapy. A change in the retinal pigment epithelium was the main sequela in 44% of cases (n=8 eyes).

Conclusion

Every structure of the eye may be involved with syphilis; therefore, syphilis must be systematically sought during the etiologic assessment of ocular inflammation even in the absence of historical risk factors. HIV-positive patients must be handled in the same way as immunocompetent patients. Collaboration with the internist is essential for the diagnosis, monitoring, and staging, especially in search of neurosyphilis. The clinical course is favorable with early treatment.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Syphilis, Uvéite, Ceftriaxone, Polymerase chain reaction, Virus de l’immunodéficience humaine

Keywords : Syphilis, Uveitis, Ceftriaxone, Polymerase chain reaction, Human immunodeficiency virus


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Vol 38 - N° 3

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