À propos d’un cas d’ingestion accidentelle de Bétadine® : le succès d’une méthode d’épuration digestive peu banale… - 07/05/15
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Résumé |
Objectifs |
La povidone iodée « PI » (Bétadine®) est un complexe hydrosoluble d’iode et de polyvinylpyrrolidone, possédant une activité bactéricide et fongicide. Elle s’utilise comme antiseptique à usage cutané depuis 1950, et dans le traitement des infections profondes. Nous rapportons le cas d’un homme de 56ans, sans antécédent, qui a présenté une intoxication aiguë à la PI après l’ingestion accidentelle d’un flacon de 125mL de Bétadine Scrub® 4 % dilué dans un verre d’eau (équivalent à 5g d’iode), après avoir confondu la PI avec le Fleet Phospho-Soda®, prescrit dans le cadre de la préparation pour coloscopie. Le patient s’aperçoit de son erreur 30min après l’ingestion, surpris par l’absence d’effet sur le transit, et contacte le centre antipoison et de toxicovigilance (CAPTV) ; il lui est alors proposé d’absorber immédiatement à domicile la solution de préparation. Lors de sa prise en charge par les pompiers, il a présenté rapidement des diarrhées rougeâtres, puis des vomissements spontanément résolutifs. Admis à l’hôpital, l’ECG est demeuré sans particularité. Le patient est rentré à domicile après 24h de surveillance. Revu 9jours plus tard par son médecin traitant, puis recontacté par le CAPTV un mois plus tard, il n’a eu aucun autre symptôme.
Méthodes |
Un bilan biologique (NFS, TP, calcémie, urée et créatinine plasmatiques, bilan hépatique, gazométrie artérielle) a été réalisé à H3. L’iodémie dans le sérum a été mesurée par ICP-MS. Un second bilan biologique est réalisé à j9 (identique à celui de H3 excepté l’iode qui n’a pas été dosée, et avec une mesure de TSH).
Résultats |
Le résultat de la iodémie était de 11 260μg/L à H3, le reste du bilan était normal. Le second bilan à j9 était strictement normal, y compris la TSH. Les signes d’intoxications apparaissent dès une iodémie sérique à 300μg/L. Les signes cliniques décrits peuvent être modérés (fièvre, rash, troubles digestifs (vomissements et diarrhée), troubles neurologiques (confusion), ou plus graves (insuffisance rénale aiguë, insuffisance hépatique, trouble de la conduction voire arrêt cardiaque). Des troubles ioniques sont également retrouvés ainsi qu’une anémie, et une acidose métabolique. L’iode est résorbé par le tractus intestinal et éliminé principalement par le rein. Les signes d’intoxications apparaissent dès un taux sérique de l’iode de 300μg/L. Les intoxications graves avec encéphalopathie sont décrites pour des iodémies sériques supérieures à 977μg/L [1 ], les décès à partir de 56 000μg/L [2 ]. L’iodémie ne reflète que le passage systémique de l’iode libérée par la povidone iodée. Il n’est pas établi qu’elle soit un indicateur pertinent de la gravité de l’intoxication. Les intoxications graves résultent plutôt de contacts cutanés et muqueux prolongés avec les iodures, le plus souvent sur tissus lésés. Pour notre patient, l’élimination digestive rapide a limité le temps de contact digestif, et de ce fait la gravité, l’iodémie ne reflétant que le passage systémique fugace.
Conclusion |
Cette observation illustre qu’une épuration digestive précoce par accélération du transit peut apporter un bénéfice au malade, et que cette technique doit faire partie de l’arsenal thérapeutique clinicien. L’intérêt des dosages répétés d’iodémie serait à évaluer.
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Vol 27 - N° 2S
P. S14-S15 - juin 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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