Les lasers CO₂ fractionnés peuvent créer des microcolonnes verticales d’ablation (microthermal zones ou MTZ), de diamètre et de profondeur prédictibles selon les paramètres utilisés, et permettre par microporation la délivrance intradermique de molécules appliquées par voie topique. Les paramètres des lasers CO₂ utilisés doivent être adaptés à cette indication précise, ils n’ont rien à voir avec les paramètres habituels de relissage fractionné, le but étant seulement d’altérer le stratum corneum sur quelques microns d’épaisseur et sans trop de nécrose de coagulation résiduelle. Pour le MAL, le plus étudié, de faibles fluences (autour de 5 à 10mJ/MTZ) et de faibles densités (autour de 2 à 4 %) sont suffisantes. Ces paramètres sont toutefois molécule-dépendants et de grosses molécules avec de faibles coefficients de diffusion peuvent nécessiter de plus fortes densités. Une durée de pulse minimale est recommandée pour limiter les dommages thermiques. Actuellement de multiples applications voient le jour et de nombreuses molécules sont des candidats confirmés ou potentiels pour cette technique :

– MAL-PDT « intensifiée » par laser fractionné CO₂ avec amélioration des résultats de la PDT conventionnelle (Bowen, CBC superficiel et nodulaire, CBC géant, verrue palmoplantaire résistante, champ de cancérisation, rajeunissement) ;

– triamcinolone acetate pour les cicatrices hypertrophiques, la prévention des récidives après révision des chéloïdes, maladies fibrosantes, granulome annulaire…

– lidocaïne pour l’anesthésie avant des procédures plus agressives ;

– imiquimod et ingénol mébutate pour les cancers cutanés non mélaniques ;

– méthotrexate ;

– timolol solution pour des hémangiomes infantiles profonds ;

– produits cosmétiques variés : éclaircissants, antichute de cheveux, antioxydants, rétinoïdes, acide hyaluronique, acide polylactique, alpha-hydroxy-acides, acide ascorbique… PRP, cellules autologues (souches, mélanocytes, adipocytes), gènes.

Il s’agit d’un nouveau et immense champ d’investigations avec des premiers résultats prometteurs mais des études sont nécessaires pour optimiser les paramètres laser, les adapter à chaque type d’appareil, à chaque molécule, évaluer les bénéfices comparativement aux protocoles conventionnels et s’assurer de l’innocuité avec du recul. En effet actuellement en attendant des études de sécurité pharmacologiques et toxicologiques, seuls des produits comme le MAL, déjà bien étudié, le TAC, la lidocaïne, les produits de mésothérapie injectables, en fait tout produit déjà « injectable en intradermique », peuvent être utilisés avec sécurité. Les premiers cas de complications après délivrance intradermique de sérum « anti-âge » topique ont été publiés, à type de granulomes à corps étrangers particulièrement résistants aux traitements entrepris.