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Évaluation des recommandations de l’Agence nationale de sécurité du médicament concernant les posologies maximales des aminosides en réanimation - 07/09/15

Doi : 10.1016/j.anrea.2015.07.538 
Astrid Bouteau 1, , Yael Levy 2, Benjamin Delmas 2, Dorothée Valance 2, Pascal Augustin 1, Philippe Montravers 1, Marion Angue 2, Marie Caujolle 2, David Vandroux 2, Olivier Martinet 2, Jérôme Allyn 2, Nicolas Allou 2
1 Département d’anesthésie réanimation, CHU Bichat-Claude-Bernard, Paris, France 
2 Réanimation polyvalente, CHU Félix-Guyon, Saint-Denis, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Les aminosides sont souvent prescrits en probabiliste (germe et concentration minimale inhibitrice (CMI) inconnus). Pour atteindre l’objectif pic de concentration plasmatique (Cmax)/CMI>8 il faut utiliser les concentrations critiques supérieures (CCS) définies par l’European Committee on Antimicrobial Susceptibility Testing (qui sont de 8mg/L pour l’amikacine (AMK), et de 4mg/L pour la gentamicine (GN)). L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) recommande d’utiliser les posologies les plus élevées dans le traitement probabiliste des infections sévères ; 30mg/kg pour l’AMK et 8mg/kg pour la GN. L’objectif étant d’avoir un Cmax8xCCS ; soit 32mg/L pour la GN et 64mg/L pour l’AMK. Le but de cette étude est d’évaluer les Cmax avec 8mg/kg de GN et 30mg/kg d’AMK en réanimation.

Matériel et méthodes

Étude prospective et observationnelle réalisée dans 2 réanimations de CHU. Inclusion consécutive de tous les patients recevant 8±1mg/kg de GN ou 30±2,5mg/kg d’AMK pour un sepsis sévère/choc septique. Résultats exprimés en médiane [25–75e percentiles] et n (%).

Résultats

Pendant 6 mois, 26 patients ont eu 8 [7,9–8,1] mg/kg de GN et 62 ont eu 30 [29,6–30,7] mg/kg d’AMK. L’âge médian était de 62 [52–69] années et l’indice de gravité simplifié 2 médian était de 58 [48–70]. L’origine de l’infection était respiratoire dans 48 % des cas, un cathéter dans 15 % des cas et digestive dans 9 % des cas. Il y avait une bactériémie dans 38 % des cas. Les germes les plus fréquemment isolés étaient des entérobactéries (45 %), des Staphylocoques (24 %) et P. aeruginosa (13 %). Le pic médian de GN était de 17,2 [14,9–20,7] mg/L. Avec la GN aucun patient n’avait un Cmax>32mg/L (8xCCS des bacilles à Gram négatifs non fermentants), 18 (69 %) avaient un Cmax>16mg/L (8xCCS des entérobactéries) et 25 (96 %) avaient un Cmax>8mg/L (8xCCS des Staphylocoques). Le seul facteur associé avec un Cmax<16mg/L pour la GN était la protidémie basse (p=0,05). En ce qui concerne l’AMK, le pic médian était de 75,6 [66,4–85,3], 50 patients (81 %) avaient un Cmax64mg/L et il y avait un surdosage (Cmax>80mg/L) dans 26 cas (42 %). Surdosage en AMK n’était pas associé à une créatininémie plus élevée à la sortie de la réanimation (p=0,5). Les facteurs associés à un sous dosage (Cmax<64) en AMK en analyse mutivariée étaient l’hypoprotidémie (p=0,04) et le poids du jour bas (p=0,04).

Discussion

Ces résultats préliminaires suggèrent que le Cmax>32mg/L de la GN obtenue avec la posologie de 8mg/kg recommandée par l’ANSM semble impossible à obtenir en réanimation. D’un point de vu pharmacocinétique/pharmacodynamique, la posologie de 8mg/kg de GN en réanimation semble excellente pour traiter une infection à Staphylocoque, pourrait être limite pour traiter de manière probabiliste une infection à entérobactérie et plus particulièrement chez les patients ayant une hypoprotidémie et est mauvaise pour traiter une infection à bacille à Gram négatif non fermentant. La posologie de 30mg/kg d’AMK permet d’obtenir un Cmax>64mg/L dans 81 % des cas ce qui est supérieur aux études publiées avec la dose de 25mg/kg en réanimation.

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Vol 1 - N° S1

P. A352 - septembre 2015 Retour au numéro
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