par

Pierre-Jean Pisella

Christophe Baudouin

Thanh Hoang-Xuan

avec la collaboration de

Jean-Paul Adenis, Catherine Albou-Ganem, Stefano Barabino, Emmanuel Barreau, Laurence Batellier, Francine Behar-Cohen, Vincent Borderie, Gaëlle Boulanger, Tristan Bourcier, Emmanuelle Brasnu-de-Cenival, Dominique Brémond-Gignac, Françoise Brignole-Baudouin, Alain Bron, Carole Burillon, Thierry Bury, Myriam Cassagne, Nathalie Cassoux, Michel Castelain, Sunil K. Chauhan, Christine Chaumeil, Yihe Chen, Frédéric Chiambaretta, Béatrice Cochener, Évelyne Collet, Catherine Creuzot-Garcher, Reza Dana, Guillaume Debellemanière, Alexandre Denoyer, Nathalie Deschamps, Laurence Desjardins, Ali Dirani, Serge Doan, Bénédicte Dupas, Mohamed El Hamdaoui, Jean-Luc Fauquert, Charles Stephen Foster, Pierre Fournié, Éric Gabison, Marie-Noëlle George, Jean-Jacques Gicquel, Pablo Goldschmidt, Julie Gueudry, Laurent Guyot, Louis Hoffart, Sofiene Kallel, Bernadette Kantelip, Antoine Labbé, Marc Labetoulle, Sihem Lazreg, Michael A. Lemp, Christine Levy-Gabriel, Hong Liang, Mohamed M’Garrech, François Majo, François Malecaze, Benjamin Mathieu, Stéphane Mélik Parsadaniantz, Jamie Lynne Metzinger, Sylvain Michée, Bruno Mortemousque, Marc Muraine, Aurore Muselier-Mathieu, Muriel Poli, Matthieu Randon, Annabelle Réaux-Le Goazigo, Serge Resnikoff, Pierre-Yves Robert, Antoine Rousseau, Maher Saleh, Arnaud Sauer, Benjamin D. Sullivan, Rachid Tahiri Joutei Hassani, Liem Trinh, Kazuo Tsubota, Élise Warcoin

et de

Ahmed Aboubacar, Stephen D. Anesi, Lydie Bonin, Ermanno Candolfi, Frédéric De Blay, Anne Dory, Harminder Dua, Éric Frouin, Godefroy Kaswin, Jonathan Letsch, Valérie Letscher-Bru, Aude Pauly, Gilles Prevost, Christophe Roubeix, Bailey Wentworth

Préface de

Gilles Renard

Illustrations de Cyrille Martinet
martinet@numericable.com

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© Société Française d’Ophtalmologie, 2015

ISBN : 978-2-294-74563-8

Elsevier Masson SAS, 62, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex

www.elsevier-masson.fr

Trois courageux collègues, Pierre-Jean Pisella, Christophe Baudouin et Thanh Hoang-Xuan se sont lancés dans un ambitieux rapport sur la surface oculaire. En quoi ce rapport est-il ambitieux ? Parce que le concept de surface oculaire, né il y a un peu plus de 30 ans, recouvre bien plus qu’un simple problème de surface et est à la base de la plupart des problèmes de transmission à la rétine des informations visuelles.

Reprenons au début l’explication de la vision. La perception qu’a notre oeil du milieu extérieur commence par la pénétration de la lumière à travers la cornée et la mise au point de l’image sur la rétine. Ce petit oeil de 22 mm de diamètre doit contraindre les rayons lumineux à converger très fortement. Selon les explications classiques, les deux tiers de ce pouvoir réfractif convergent sont assurés par la cornée. C’est faux ! Ce n’est pas la cornée qui a un pouvoir réfractif aussi important mais l’interface entre l’air ambiant et le film lacrymal, seul endroit où l’indice de réfraction passe brutalement de 1 à 1,33, générant, grâce à la courbure de la cornée, une puissance réfractive de 47 dioptries. La cornée sans film lacrymal n’a qu’un pouvoir convergent de quelques dizaines de dioptries sur sa face antérieure et divergent d’environ 5 dioptries sur sa face postérieure. De plus, la cornée sans film lacrymal génère une importante diffraction et ne peut assurer correctement la transmission de l’image.

Si c’est le film lacrymal qui assure la transmission correcte de l’image, toute anomalie de sa structure, de sa forme et de son renouvellement va influer sur la qualité de notre perception. Or ce film lacrymal a une structure complexe avec une couche lipidique externe, une couche aqueuse médiane et une couche mucinique interne. Il est donc dépendant des structures qui fabriquent ces différentes couches. Pour la partie lipidique les glandes de Meibomius, de Zeiss et de Moll, pour la partie aqueuse les glandes lacrymales principales et accessoires et pour la partie mucinique les cellules à mucus de la conjonctive. Voici donc notre propos embarqué bien plus loin que la cornée et impliquant les glandes lacrymales dans l’orbite, les paupières, la conjonctive et les voies d’excrétion des larmes. C’est ainsi que l’on arrive au concept de « surface oculaire » qui s’étend bien au-delà du simple rôle réfractif de la cornée et implique toutes les structures qui participent au maintien d’une surface optiquement parfaite assurant une transmission directe de 95 % de la lumière incidente. Cela justifie les chapitres sur l’exploration de la surface oculaire, que cette exploration soit clinique, par l’imagerie, par les explorations fonctionnelles ou par l’histologie et la microbiologie.

Au-delà de ce rôle optique de la surface oculaire, d’autres caractéristiques du film lacrymal ont autant d’importance pour la pérennité de la vision. La surface oculaire est également impliquée dans les réactions immunitaires, la protection contre les agressions externes, physiques et chimiques, la défense contre les micro-organismes, la pénétration des molécules nutritives ou thérapeutiques dans la cornée. Pas de surface oculaire sans aborder les pathologies infectieuses de la cornée et de la conjonctive, qu’elles soient bactériennes, virales, mycosiques ou amibiennes. Pas de surface oculaire sans traiter des pathologies immunes conjonctivales, des conséquences de la perte de la sensibilité cornéenne, des traumatismes et des brûlures.

Enfin, cette surface oculaire n’est optiquement efficace que si son support physique, la cornée, la conjonctive et les paupières, n’est pas perturbé par des pathologies qui le déforment ou le rendent inefficace. Impossible donc de traiter de surface oculaire sans entrer dans le domaine des dystrophies et dégénérescences de cornée ainsi que des tumeurs du limbe de la conjonctive et de la sclère.

Vous comprenez maintenant en quoi ce rapport est ambitieux et il vous reste encore à lire tout ce qui concerne la thérapeutique. Ce n’est pas le chapitre le plus court car il lui faut traiter des substituts lacrymaux, des antiallergiques, des anti-inflammatoires, des anti-infectieux, des traitements chirurgicaux qui vont de la chirurgie de la cornée à la chirurgie des paupières et au remplacement des structures défaillantes par des greffes ou des prothèses.

Pour un spécialiste de la cornée comme moi, cet ambitieux rapport me rappelle le début des années 1970 où le rôle de l’endothélium cornéen dans la déturgescence de la cornée commençait tout juste à être compris et où les travaux du Professeur Yves Pouliquen faisaient entrer la microscopie électronique dans nos moyens d’exploration des structures oculaires. C’était l’époque bénie où la cornée n’avait que 5 couches et le film lacrymal n’était exploré que par le test de Schirmer et le BUT puisqu’il était insaisissable par les moyens classiques de l’histologie ! Que de progrès depuis et que de nouvelles notions à connaître ! C’est ce que ce rapport va vous apporter et les trois héros de cette aventure doivent en être remerciés ainsi que tous leurs collaborateurs qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour vous fournir cette somme inestimable de connaissances.

Gilles Renard

« L’avenir d’un enfant est l’œuvre de sa mère »

Napoléon Bonaparte

La surface oculaire n’est ni une maladie, ni un syndrome, ni même une association de signes cliniques épars, mais en réalité un concept dont les fondements reposent sur les contextes anatomique et physiologique environnants. La compréhension de ses mécanismes de fonctionnement est indispensable à la prise en charge de sa pathologie.

Ce rapport annuel de la Société Française d’Ophtalmologie est à notre connaissance le premier ouvrage en langue française avec ce titre représentant, qui plus est, un concept.

Et pour cause ! La surface oculaire est un concept jeune.

Il repose sur la réunion et la synthèse des connaissances portant sur la cornée, la conjonctive, les annexes environnantes avec leurs glandes, et surtout la pièce maîtresse de cette unité fonctionnelle, le film lacrymal [1]. C’est de la confrontation des données sur ces différents tissus, souvent analysés et décrits de façon indépendante, que la notion de coopération et d’unité au sein d’un même système est née, aboutissant au concept de surface oculaire.

Partant du constat clinique que le patient vient non pas pour une « maladie de la surface oculaire », ni même pour un syndrome sec, une allergie, une infection ou une inflammation de son œil, mais pour un œil qui gratte, coule, brûle, pique, ou est rouge, l’ophtalmologiste est confronté à une pathologie non seulement extrêmement fréquente, mais de plus dont la caractéristique première est l’absence de spécificité des signes fonctionnels rapportés et des critères cliniques retrouvés lors de son examen.

Ainsi, l’atteinte aiguë ou chronique de la surface oculaire représente près d’un quart des consultations journalières d’un ophtalmologiste quels que soient son lieu et son mode d’exercice.

Les pathologies concernées sont dégénératives, immunologiques, allergiques, infectieuses ou toxiques, pour n’en citer que les principales, et les portes d’entrée sont nombreuses dans un cercle vicieux qui illustre bien les caractères multifactoriels et non spécifiques des mécanismes sous-jacents [2].

Le lecteur trouvera donc la description d’une unité de lieu regroupant tous les constituants de la surface oculaire, avec ses limites comme l’endothélium cornéen qui n’y appartient déjà plus, et une unité d’action qui rassemble les pathologies portant atteinte à son intégrité. Seule l’unité de temps pourra être prise en défaut, la somme des connaissances présentées dans cet ouvrage étant le fruit d’années de recherche et de constatations cliniques.

Dans chaque conquête, il y a des conquérants et des pionniers, et la surface oculaire n’échappe pas à la règle. Ainsi, aux O. Schirmer, H. Sjögren ou encore L. Jones ont succédé d’autres noms plus récents dans une liste heureusement non exhaustive des découvreurs et cliniciens.

Mes deux co-rapporteurs doivent être cités plus particulièrement, car ils incarnent à eux seuls les précurseurs de la surface oculaire en France, en matière de film lacrymal, d’inflammation et de méthodes d’investigations pour le Professeur Christophe Baudouin, d’immunopathologie, de pathologies meibomiennes et allergiques pour le Professeur Thanh Hoang-Xuan. Depuis de nombreuses années, ils ont contribué à faire naître ce concept et j’ai eu le très grand privilège et l’immense plaisir de les réunir avec moi dans ce rapport pour délivrer un message clair, synthétique et accessible à tous les lecteurs. Qu’ils en soient ici remerciés. Sans eux, point de concept ou d’unité fonctionnelle ! point de Rapport !

Il faut aussi remercier la Société Française d’Ophtalmologie et son Conseil d’administration qui nous ont accordé leur confiance pour l’élaboration de cet ouvrage ainsi que, et peut-être même surtout, l’ensemble des rédacteurs qui ont accepté avec enthousiasme et motivation de donner de longues heures de travail pour contribuer à la qualité des textes et de l’iconographie.

Je formule le vœu que cet ouvrage sur la surface oculaire puisse non seulement aider le clinicien chevronné dans sa pratique quotidienne, mais aussi susciter chez le plus jeune une vocation à approfondir ses connaissances ou à les défricher, dans un domaine passionnant où beaucoup reste à découvrir.

Pierre-Jean-Pisella

Ahmed Aboubacar

Ophtalmologiste, laboratoire de parasitologie-mycologie médicale, plateau technique de microbiologie, hôpitaux universitaires et université de Strasbourg, Strasbourg

Stephen D. Anesi

MD, Attending Physician, Massachusetts Eye Research & Surgery Institution ; Ocular Immunology & Uveitis Foundation, Cambridge, MA, États-Unis

Lydie Bonin

Ophtalmologiste, service d’ophtalmologie, CHU Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre

Ermanno Candolfi

Ophtalmologiste, laboratoire de parasitologie-mycologie médicale, plateau technique de microbiologie, hôpitaux universitaires et université de Strasbourg, Strabourg

Frédéric De Blay

Pneumologue, allergologue, professeur, Nouvel Hôpital civil, Strasbourg ; service de pneumoallergologie, Hôpitaux universitaires et Université de Strasbourg, Strasbourg

Anne Dory

Pharmacienne, pharmacie, Nouvel Hôpital civil, Hôpitaux universitaires de Strasbourg, Strasbourg

Harminder Dua

MD, PhD, FEBO, head of Division of Ophthalmology and Visual Sciences, Nottingham, Royaume-Uni

Éric Frouin

Anatomopathologiste, service d’anatomie et de cytologie pathologiques, CHU et faculté de médecine et de pharmacie, Poitiers

Godefroy Kaswin

Ophtalmologiste, ancien interne des Hôpitaux de Paris, ancien chef de clinique-assistant des hôpitaux, praticien attaché au CHU Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre, et à l’Hôtel-Dieu, Paris

Jonathan Letsch

Ophtalmologiste, service d’ophtalmologie, Pôle SMOH, Nouvel Hôpital civil, Hôpitaux universitaires et Université de Strasbourg, Strasbourg

Valérie Letscher-Bru

Praticien hospitalier, service de parasitologie-mycologie, plateau technique de microbiologie, hôpitaux universitaires et université de Strasbourg, Strasbourg

Aude Pauly

PhD, Paris

Gilles Prevost

Ophtalmologiste, Institut de bactériologie, équipe d’accueil 7290, Université de Strasbourg, Strasbourg

Christophe Roubeix

Pharmacien, PhD, Paris

Bailey Wentworth

MS, Clinical Research Coordinator, Massachusetts Eye Research & Surgery Institution ; Ocular Immunology & Uveitis Foundation, Cambridge, MA, États-Unis

Rapports présentés à la Société Française d’Ophtalmologie :

Glaucome primitif à angle ouvert, par J.-P. Renard, E. Sellem et collaborateurs, 2014, 747 pages.

Strabisme, par A. Péchereau et collaborateurs, 2013, 544 pages.

Presbytie, par B. Cochener et collaborateurs, 2012, 456 pages.

Décollements de rétine, par G. Caputo et collaborateurs, 2011, 560 pages

Les uvéites, par A. P. Brézin et collaborateurs, 2010, 760 pages.

Les lentilles de contact, par F. Malet et collaborateurs, 2009, 1 088 pages.

Pathologies vasculaires oculaires, par C. Pournaras et collaborateurs, 2008, 848 pages.

Les DMLAs, par G. Soubrane et collaborateurs, 2007, 672 pages.

Les voies lacrymales, par A. Ducasse et collaborateurs, 2006, 640 pages.

Œil et Génétique, par J.-L Dufier, J. Kaplan et collaborateurs, 2005, 640 pages.

Neuro-ophtalmologie, par A.B. Safran et collaborateurs, 2004, 848 pages.

Pathologie du vitré, par G. Brasseur et collaborateurs, 2003, 528 pages.

Tumeurs intraoculaires, par L. Zografos et collaborateurs, 2002, 740 pages.

Chirurgie réfractive, par J.-J. Saragoussi et collaborateurs, 2001, 826 pages.

Œil et virus, par H. Offret et collaborateurs, 2000, 584 pages.

Exploration de la fonction visuelle, par J.-F. Risse et collaborateurs, 1999, 800 pages.

Pathologie orbito-palpébrale, par J.-P. Adenis, S. Morax et collaborateurs, 1998, 848 pages.

Œil et pathologie générale, par J. Flament, D. Storck et collaborateurs, 1997, 848 pages.

L’imagerie en ophtalmologie, par E.-A. Cabanis, H. Bourgeois, M.-T. Iba-Zizen et collaborateurs, 1996, 784 pages.

La rétinopathie diabétique, par J.-D. Grange et collaborateurs, 1995, 648 pages.

Les vidéos peuvent être consultées aux adresses :

http://www.sfo.asso.fr/

http://www.em-consulte.com/e-complement/474563

Chapitre 3

Vidéo 3-1

Syndrome sec après LASIK.

Vidéo 3-2

Instabilité du film lacrymal avec un BUT extrêmement court.

Vidéo 3-3

Dysfonctionnement meibomien avec testing meibomien et film lacrymal épais, grumeleux, s’évaporant de manière inhomogène.

Vidéo 3-4

Conjonctivochalasis majeur séquellaire d’un chémosis ancien, d’origine allergique.

Vidéo 3-5

Conjonctivochalasis, responsable d’une mauvaise répartition du film lacrymal et d’un stress mécanique entre la conjonctive et les paupières.

Vidéo 3-6

Film lacrymal épais et inhomogène.

Vidéo 3-7

Interférométrie du film lacrymal par technique du Tearscope®.

Vidéo 3-8

Même technique montrant un film moins homogène avec une réorganisation verticale du film lipidique.

Vidéo 3-9

Aspect très inhomogène avec un film épais, gardant cependant une réorganisation horizontale.

Chapitre 12

Vidéo 12-1

Effet Coroneo permettant de comprendre la localisation limbique nasale du ptérygion.

Vidéo 12-2

Technique chirurgicale d’autogreffe conjonctivale collée par colle de fibrine.

Vidéo 12-3

Technique chirurgicale d’autogreffe limbique dans un cas de ptérygion récidivant.

Vidéo 12-4

Greffe conjonctivo-limbique à partir d’un donneur apparenté.

Chapitre 15

Vidéo 15-1

Détersion de plaque vernale.

Chapitre 20

Vidéo 20-1

Implantation de Boston keratoprosthesis (Boston Kpro).

Vidéo 20-2

Implantation d’ostéo-odonto-kératoprothèse (première phase chirurgicale).

Vidéo 20-3

Implantation de kératoprothèse AlphaCor® : première phase.

Vidéo 20-4

Implantation de kératoprothèse AlphaCor® : deuxième phase.