Contention élastique : efficacité, durée, intensité… - 11/09/14
Résumé |
L’utilisation de bandages au niveau des membres inférieurs pour traiter des affections veineuses est rapportée dès l’Antiquité. Son usage, afin de prévenir le syndrome post-thrombotique (SPT), est plus récent et remonte à la fin des années 1990. Ainsi en 1997, Brandjes, dans un essai thérapeutique en ouvert a mis en évidence qu’après une thrombose veineuse profonde (TVP) proximale le port de chaussettes élastiques appliquant 40mmHg de pression à la cheville permettait de réduire de moitié le risque de développer un SPT léger à modéré (20 % vs 47 %, p<0,001) ou un SPT sévère (11 % vs 23 %, p<0,001). Puis quatre autres essais ont été publiés. L’analyse poolée des résultats de ces études retrouvait que, par rapport à une absence de compression, le port d’une compression élastique diminuait significativement de 46 % le risque de SPT et de 62 % le risque de SPT sévère. Malgré une efficacité qui semblait importante, il convient de souligner que les études étaient toutes de taille modeste, avaient des objectifs/designs, des critères de jugement et des types de compression différents. Enfin aucune n’était réellement en double aveugle. L’essai thérapeutique SOX, publié en début d’année, avait pour ambition d’évaluer l’utilité de la compression élastique en s’affranchissant des biais des études précédentes. Huit cent trois patients présentant un premier épisode de TVP proximale aiguë recrutés dans 24 centres nord-américains ont été randomisés pour recevoir soit des chaussettes de compression exerçant une pression de 30–40mmHg à la cheville soit des bas placebos, appliquant une pression à la cheville inférieure à 5mmHg. À deux ans, l’incidence cumulée du SPT évaluée avec l’échelle de Villalta était identique entre les groupes : 52,6 % dans le bras compression vs 52,3 % dans le bras placebo, p=0,96, suggérant une absence d’efficacité de la compression.
Les recommandations de bonne pratique clinique, qu’elles soient françaises (AFSSAPS 2009) ou internationales (ACCP 2012) ont été édictées avant la publication de l’étude SOX et reposaient sur les résultats des études précédentes. Elles suggéraient/recommandaient après une TVP proximale le port d’une compression élastique appliquant une pression à la cheville de 30–40mmHg pour une durée de 2ans ou plus en cas de SPT avéré. Dans la pratique clinique française des enquêtes de pratique ont retrouvé que la prescription d’une compression après une TVP était usuelle mais la force de la compression était très nettement inférieure à celle recommandée. L’impact des résultats de SOX sur la pratique clinique n’est pas encore connu. Si après une TVP le praticien décide de prescrire une compression élastique pour prévenir le SPT, il semble préférable de privilégier les chaussettes par rapport aux bas mi-cuisse car les chaussettes sont aussi efficaces et mieux tolérées. L’étude Celest comparant en double aveugle deux forces de compression (20–30mmHg vs 30–40mmHg) devrait apporter des résultats complémentaires intéressants à l’étude SOX et améliorer notre connaissance de l’impact de la compression élastique sur le risque de SPT.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Contention élastique, Syndrome post-thrombotique
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Vol 39 - N° 5
P. 319 - octobre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.