Lorsque l'on évoque la toxicologie marine, on pense tout d'abord aux espèces venimeuses possédant à la fois un venin et un appareil inoculateur. Ainsi, poissons, méduses, mollusques ou encore serpents marins sont chaque année responsables de plusieurs dizaines de milliers d'envenimations souvent sévères et pouvant parfois mettre en jeu le pronostic vital. Il ne faut cependant pas oublier que les toxines marines peuvent aussi être ingérées par des humains chez qui elles induisent des intoxications alimentaires. Les connaissances sur la toxicologie marine ont beaucoup augmenté au cours des dernières décennies et l'on distingue désormais de nombreux syndromes dont beaucoup ne sont décrits qu'en milieu tropical. Les praticiens de métropole peuvent cependant être confrontés à ces pathologies pour plusieurs raisons : désormais, les produits de la mer sont distribués dans le monde entier ; les départements et territoires d'outre-mer sont directement concernés ; les touristes de retour en France métropolitaine peuvent avoir été victimes de ces accidents pendant leurs vacances ; le réchauffement climatique permet l'installation de nouvelles espèces parfois toxiques sur notre littoral. Les syndromes d'intoxication les plus fréquents sont le scombrotoxisme et la ciguatera liée à la production de ciguatoxines par le dinoflagellé Gambierdiscus toxicus. Cette dernière intoxication pose d'importants problèmes socioéconomiques dans les zones d'endémie où la consommation de poisson peut devenir dangereuse. Des syndromes plus rares et de description scientifique récente sont caractérisés par des tableaux cliniques pouvant rapidement mettre en jeu le pronostic vital. Citons le tétrodotoxisme, le clupéotoxisme et la palytoxicose qui peuvent être redoutables ; mais surtout le carchatoxisme et le chélonitoxisme qui, en raison de la taille de l'animal incriminé, sont souvent rapportés sous la forme d'intoxications collectives avec un taux de mortalité tout particulièrement élevé. Enfin, le risque d'accumulation de toxines émergentes dans les bivalves est un sujet d'actualité épineux qui peut dans un futur proche mettre en péril la conchyliculture dans plusieurs régions du monde. Nous proposons une synthèse des connaissances actuelles sur les organismes aquatiques dangereux permettant aux médecins néophytes de mieux comprendre la complexité de ce sujet.