Les antithyroïdiens de synthèse sont, classiquement, responsables d’agranulocytose ou de manifestations allergiques cutanées. La survenue d’une vascularite cutanée avec anticorps anti-cytoplasme des polynucléaires neutrophiles (ANCA) est bien plus exceptionnelle.

Patiente M S, âgée de 36ans, était traitée pendant 5 mois par le benzylthiouracile (Basdène^®) pour une maladie de Basedow. Elle était hospitalisée pour des lésions cutanées des avant bras et des jambes évoluant depuis 3 mois sans autre signe fonctionnel ou général. À l’examen, il existait des macules érythémateuses, ne s’effaçant pas à la vitropression, infiltrées par endroits au niveau de la face antérieure des avant bras et des jambes. Le goitre était modéré avec exophtalmie bilatérale. Le reste de l’examen était sans particularités. Les anticorps anti-récepteurs de la Thyroïd Stimulating Hormon (TSH) étaient positifs. La biopsie cutanée concluait à une vascularite leucocytoclasique. La créatininémie était à 76μmol/L, la protéinurie et l’analyse du culot urinaire étaient normales. Les anticorps antinucléaires et anti-phospholipides étaient négatifs. Des anticorps anti-cytoplasmes des polynucléaires neutrophiles (ANCA) d’aspect péri-nucléaire et de spécificité anti-myéloperoxydase étaient décelés. La radiographie thoracique était normale. Après l’arrêt de l’antithyroïdien de synthèse, l’évolution était rapidement favorable avec régression complète des lésions.

Les vascularites à ANCA peuvent être induites par les antithyroïdiens de synthèse même s’il s’agit d’une éventualité rare. Il s’agit généralement de vascularites systémiques avec une atteinte rénale dans 66 % des cas, articulaire dans 50 %, respiratoire dans 25 %, oculaire dans 15 % et cutanée dans 30 % des cas.