Le gaspillage des médicaments (MDT) dans les hôpitaux a été récemment mis en avant. Ses principales causes sont l’immobilisation des MDT dans les unités de soins (US) conduisant à leur péremption et la complexité des circuits de délivrance (logiciels, interfaces multiples, absence de conditionnement unitaire…) rendant difficile et chronophage le retour à la PUI. Du temps dédié à l’activité de retour est à envisager mais son coût pourrait s’avérer supérieur à celui du MDT lui-même. Les objectifs de ce travail sont de déterminer le coût de prise en charge d’un retour de MDT hors-dotation des US à la PUI puis de mettre au point une méthode d’évaluation rapide des MDT dont le retour présente un intérêt financier.

Le temps préparateur en pharmacie hospitalière (PPH) nécessaire au traitement d’un MDT (retour physique et informatique dans le logiciel métier de la PUI, quelle que soit la quantité retournée) a été mesuré et valorisé selon le coût horaire brut chargé d’un PPH dans notre établissement (source : direction des ressources humaines) afin de déterminer le coût du retour d’un MDT. Cela a permis de définir un seuil chiffré (S) pour un retour économiquement utile. S a ensuite été appliqué à une US pilote. Le résultat a été extrapolé aux US ayant une dotation. Les coûts unitaires des MDT ont été fournis par la PUI.

Dans l’US pilote, 140 MDT hors-dotation ont été recensés : 50 ont été retournés à la PUI et 6 jetés pour sécurité sanitaire (12 %). Le retour de 44 MDT a demandé 100minutes (2,3min/MDT). Le coût horaire brut chargé d’un PPH est de 21,98€ (0,8€/MDT). Nous avons posé l’hypothèse que le coût du MDT retourné doit être≥2×coût PPH soit S≥1,6€. Avec ce seuil, pour le service pilote, 80 MDT (57,1 % des MDT) d’un total de 2709€ (98,4 % du coût total) sont à retourner pour un temps PPH de 184minutes. En extrapolant aux 70 US ayant une dotation, le retour est évalué à 190 000€ pour 215heures de temps PPH (4725€).

Les MDT hors-dotation retournés à la PUI peuvent donc avoir un impact économique important. Mais l’opération de retour en stock n’est acceptable que si la méthode reste simple. L’étude étant réalisée à effectif constant, S a été fixé à 1,6€ pour obtenir un bénéfice important rapidement. Un travail à plus grande échelle permettrait d’abaisser S en intégrant une éventuelle augmentation des ressources humaines. Si des contraintes techniques à la PUI (robot, logiciel d’entrepôt) existent, S doit être modulé, d’autant que le temps et donc le coût dédié au retour pourrait être bien supérieur dans ce cas et faire intervenir d’autres types de ressources humaines.