Démonstration de la toxicité tubulaire aiguë de la vancomycine : à propos d’un cas humain et d’un modèle murin - 16/09/15
Résumé |
Introduction |
La vancomycine est un antibiotique largement prescrit et dont la néphrotoxicité est toujours discutée. Les excipients historiques ou son association aux aminosides ont pu être mis en cause.
Observation |
Nous décrivons ici le cas d’une patiente de 56ans diabétique, obèse (IMC=40kg/m2), normorénale et atteinte de leucémie aiguë myéloblastique de type 2. Elle a développé une insuffisance rénale aiguë après administration intraveineuse de vancomycine seule (3 grammes par jour pendant 3jours) prescrite en raison d’une aplasie fébrile sans défaillance hémodynamique, et dans les suites d’une chimiothérapie ne comportant aucun néphrotoxique. À j3, la concentration résiduelle en vancomycine était de 87mg/L. La fonction rénale s’étant dégradée (créatininémie 372μmol/L) le traitement fut interrompu. La protéinurie était mesurée à 0,10g/L, et le sédiment urinaire était inactif. Une biopsie rénale fut finalement réalisée à j18, montrant des lésions épithéliales tubulaires sévères, avec un infiltrat inflammatoire interstitiel important et des dépôts intra-tubulaires atypiques et granuleux, peu polarisants et faiblement réfringents. Une immuno-histochimie (IHC) et une analyse en spectrométrie infrarouge indiquent que ces formations sont constituées de vancomycine. Ces images, amorphes, étaient aussi retrouvées dans les urines à l’examen direct. Nous avons induit la même toxicité dans un modèle animal (deux injections de 25mg de vancomycine par voie intrapéritonéale à des souris adultes) avec une insuffisance rénale aiguë à j2, une nécrose tubulaire d’aspect similaire avec des dépôts granuleux intra-tubulaires ayant eux-aussi le spectre infrarouge de la vancomycine.
Conclusion |
Notre cas démontre une toxicité tubulaire aiguë de la vancomycine, révélée par une nécrose tubulaire avec précipitation intra-tubulaire de vancomycine, attestée par immuno-histochimie et par spectrométrie infrarouge. Ces lésions sont aussi confirmées expérimentalement chez la souris. Pour nous, l’imputabilité est donc certaine.
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Vol 11 - N° 5
P. 272 - septembre 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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