Le cyclophosphamide (CYC) est un immunosuppresseur largement utilisé au cours des maladies de système. Les doses élevées peuvent engendrer une cardiotoxicité pouvant engager le pronostic vital.

Il s’agit d’une patiente âgée de 22ans suivie pour lupus érythémateux systémique avec atteinte rénale. La ponction biopsie rénale a montré une néphropathie lupique classe IV associée à des lésions de micro-angiopathie thrombotique avec sur le plan clinico-biologique un syndrome néphrotique impur par l’hypertension artérielle, l’hématurie et l’insuffisance rénale. Le bilan cardiaque initial était normal (électrocardiogramme, radio-thorax et échographie cardiaque). La patiente a reçu une corticothérapie associée au CYC en bolus mensuel à raison de 1g/mois, soit 20mg/kg/mois. Dans les suites du cinquième bolus de CYC, la patiente a présenté un tableau d’œdème aigu du poumon cardiogénique. En effet, l’échographie cardiaque complétée par une IRM myocardique a montré une insuffisance cardiaque avec fraction d’éjection à 36 %, un aspect brillant du myocarde par endroit avec troubles de la cinétique cardiaque ainsi qu’un décollement péricardique. À la biologie, on a noté une insuffisance rénale avec une créatinémie à 500μmol/L et une anémie arégénérative à 5g/dL. La cardiotoxicité au CYC a été retenue. La conduite à tenir immédiate était de dialyser la patiente, de la transfuser et de la mettre sous fortes doses de diurétiques avec amélioration clinique, biologique et radiologique. Concernant le traitement de fond de la maladie, la décision était d’arrêter le CYC et d’introduire le mycophénolate mofétil avec une bonne tolérance clinique et biologique ainsi qu’une rémission partielle sur le plan rénal.

La particularité de cette observation réside dans le fait que notre patiente a présenté une cardiotoxicité au CYC à des doses inférieures à la dose toxique, ce qui impose une surveillance cardiaque au cours du traitement par CYC particulièrement en présence d’une insuffisance rénale ou d’atteinte cardiaque sous-jacente.