Les patients insuffisants rénaux chroniques ont un risque élevé de mortalité cardiovasculaire. La physiopathologie et l’évaluation de ce risque chez les patients transplantés rénaux est difficile. Les antagonistes du récepteur minéralocorticoïde ont montré un bénéfice de morbi-mortalité, sont de plus en plus utilisés au cours de l’insuffisance rénale terminale mais sont contre-indiqués au cours de l’insuffisance rénale et en association aux traitements immunosuppresseurs. Nous avons testé la tolérance de l’éplérénone dans une population de 31 patients ayant eu une transplantation rénale traités par ciclosporine ayant une fonction rénale altérée.

Une étude prospective monocentrique et ouverte a été réalisée selon un plan de Simon en deux étapes. Le critère principal de jugement a été la tolérance de l’éplérénone attestée par l’absence de survenue de ses évènements indésirables : hyperkaliémie, acidose métabolique, hypotension artérielle, insuffisance rénale aiguë ou n’importe quel événement nécessitant l’arrêt du traitement. Tous les patients ont reçu la dose de 25mg/j pendant 8 semaines.

Parmi les 31 patients inclus, 9 ont présenté au moins un épisode d’hyperkaliémie et un a nécessité l’utilisation d’une résine échangeuse de potassium. Aucune hyperkaliémie sévère n’est survenue. Seul un épisode d’insuffisance rénale aiguë est survenu. La kaliémie et la bicarbonatémie à l’initiation du traitement étaient indépendamment associées au risque de présenter une hyperkaliémie sous traitement (OR 6,5, p=0,003 et 0,7, p=0,007, respectivement). Au-dessus d’une kaliémie de 4,35mmol/L à l’initiation du traitement, le risque peut être prédit avec une bonne sensibilité et spécificité.

Malgré le faible effectif (calculé a priori), il est possible de conclure à bonne tolérance du traitement dans la population cible.

Lorsque la fonction rénale est altérée et si la kaliémie à l’initiation est supérieure à 4,35mmol/L, le traitement peut être utilisé en insistant sur le régime pauvre en potassium et la surveillance.