Le carcinome épidermoïde primitif du rectum est une tumeur rare. Dans les séries les plus anciennes, les patients étaient traités par chirurgie. Des données plus récentes suggèrent qu’un traitement conservateur basé sur une chimioradiothérapie serait envisageable.

Nous avons étudié rétrospectivement les dossiers de 23 patients traités pour un carcinome épidermoïde du rectum entre 1992 et 2013 dans deux centres hospitaliers universitaires français. Vingt et un patients ont reçu une chimioradiothérapie exclusive à visée curative et deux une chimioradiothérapie préopératoire d’une chirurgie programmée. Les patients ont reçu une irradiation pelvienne avec une prophylaxie des aires ganglionnaires de 36 à 45Gy puis un complément de 15 à 23Gy après une période de repos de deux à sept semaines. Vingt-deux patients ont reçu une chimiothérapie concomitante à base de 5-fluoro-uracile et cisplatine ou mitomycine-C.

Après la chimioradiothérapie, le taux de réponse clinique complète était de 86 %. Avec un suivi médian de 85 mois, le taux de survie globale à 5ans était de 86 %. Cinq patients ont été atteints d’une rechute, dont deux locales, une à distance et deux locales et à distance. Le taux de survie sans rechute à 5ans était de 81 %. Six patients ont eu une colostomie, deux programmées avec amputation abdominopérinéale après la chimioradiothérapie, trois pour rechute locale et un pour toxicité rectale de grade 4. Le taux de survie sans colostomie à 5ans était de 65 %. Trois patients (13 %) ont souffert d’une complication tardive rectale de grade 3–4.

Cette série représente la plus grande cohorte connue de patients pris en charge pour un carcinome épidermoïde du rectum par chimioradiothérapie. Celle-ci a permis d’obtenir une survie de longue durée avec un taux élevé de conservation sphinctérienne.