Place du dosage du peptide natriurétique dans le diagnostic d'insuffisance cardiaque - 29/02/08
Isabelle Mahé
Contexte L'insuffisance cardiaque (IC) est fréquente et son incidence augmente avec l'âge. Le diagnostic repose sur des éléments cliniques, radiologiques, voire échographiques, mais peut être difficile en pratique. Le BNP ( B-type natriuretic peptide ) est une neurohormone cardiaque spécifiquement sécrétée par les ventricules, en réponse à une tension pariétale. Sa place dans le diagnostic d'IC reste à définir.
Objectifs L'objectif principal de l'étude est l'évaluation de la précision diagnostique du dosage du BNP chez des patients se présentant aux urgences pour dyspnée et ayant une forte probabilité d'IC (estimée par le médecin des urgences).
Plan expérimental Il s'agit d'une étude prospective multicentrique conduite d'avril 1999 à décembre 2000. Le médecin des urgences recevant le patient pour dyspnée estimait sa probabilité d'IC (basse : 0-20 %, moyenne : 21-79 %, forte : 80-100 %). Les dossiers des patients comprenant l'ensemble des explorations réalisées au cours du séjour (aux urgences et/ou en hospitalisation) étaient revus 30 jours après leur consultation aux urgences par deux cardiologues indépendants afin de classer le cas en dyspnée due à l'IC, dyspnée non cardiaque chez un patient avec antécédent d'IC ou dyspnée non cardiaque.
Patients Les patients éligibles devaient consulter aux urgences pour dyspnée. Ils ne devaient pas avoir d'insuffisance rénale sévère (clairance de créatininémie inférieure à 15 ml/minute), d'infarctus du myocarde à la phase aiguë ou une autre cause de dyspnée évidente telle un traumatisme thoracique ou une plaie pulmonaire. Le dossier devait comporter une évaluation de la probabilité initiale d'IC.
Résultats 1538 patients ont été inclus (64 ± 16,7 ans en moyenne), dont 33,2 % avaient des antécédents d'IC. Les patients à forte probabilité d'IC étaient significativement plus âgés que ceux avec faible probabilité ; ils avaient plus souvent des antécédents cardio-vasculaires et recevaient plus souvent des traitements cardio-vaculaires. Le diagnostic d'IC a finalement été posé chez 722 patients. Chez les patients avec forte probabilité d'IC (80-100 %) (n = 390), l'évaluation initiale de la probabilité d'IC sur des critères cliniques avait une précision de 74 % ; elle est passée à 81,2 % en utilisant le critère de BNP >= 100 pg/ml et à 81,5 % avec un critère composite (clinique et ou BNP >= 100 pg/ml). Les sensibilités respectives étaient de 49 %, 90 % et 94 % ; les spécificités de 96 %, 73 % et 70 %, les valeurs prédictives positives de 91 %, 75 % et 74 %, les valeurs prédictives négatives de 68 %, 90 % et 93 %. Chez les patients avec une probabilité intermédiaire d'IC (n = 427), le critère BNP >= 100 pg/ml a permis de bien classer 74 % des sujets comme étant ou non en IC. Seuls 7 % des sujets avec IC avaient un BNP < 100 pg/ml. Chez les patients avec une faible probabilité d'IC (n = 721), 17,1 % des sujets ont eu un diagnostic d'IC ; chez 90,2 %, le diagnostic aurait été redressé avec un dosage de BNP >= 100 pg/ml.
Plan
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Vol 32 - N° 1
P. 9 - janvier 2003 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.