Bien que la chirurgie arthroscopique de la coiffe des rotateurs soit minimalement invasive, elle reste néanmoins source d’une importante douleur postopératoire notamment lors des premières 48heures. L’objectif de notre étude était d’évaluer à court terme l’efficacité et l’innocuité de l’analgésie multimodale par infiltration (AMMI) combinée aux corticostéroïdes, chez des patients opérés sous arthroscopie d’une rupture de la coiffe des rotateurs.

Dans une étude prospective monocentrique randomisée, nous avons inclus 50 patients opérés sous arthroscopie d’une rupture de la coiffe des rotateurs. Le groupe étude reçut une injection sous-acromiale d’un mélange de morphine, ropivacaïne et méthylprednisolone, ainsi qu’une injection intra-articulaire combinant morphine et méthylprednisolone. Le groupe témoin reçut uniquement une solution saline isotonique. Tous les patients avaient bénéficié d’une analgésie autocontrôlée de morphine durant 24heures associée à une analgésie standard. Les données postopératoires étaient enregistrées à 30minutes, 1, 2, 4, 6, 12, 18 et 24heures. Elles comportaient le niveau de la douleur, la consommation de morphine et leurs effets secondaires. Étaient également recueillis le délai du premier bolus de morphine administré et la consommation d’antalgique additionnelle. Les scores fonctionnels de Constant, ASES et SST à 3 mois étaient calculés.

Le niveau de la douleur postopératoire du groupe étude était significativement inférieur au groupe témoin à 30min, h1, h4, h6, h12, h18 et h24 (p<0,05). Un rebond douloureux à j10 était constaté dans les deux groupes. Durant les premières 24heures, l’infiltration réduisait significativement la consommation cumulée de morphine (p<0,05 à h1/2, p<0,001 de h1 à h24). Le délai moyen du premier bolus était significativement retardé dans le groupe infiltré (71,6 vs 33min ; p<0,05). L’incidence d’effets secondaires liés aux opioïdes était similaire entre les deux groupes. Au dernier recul, les scores fonctionnels étaient similaires et il n’existait aucun cas d’infection ou de retard de cicatrisation cutanée.

L’AMMI associée aux corticostéroïdes apporte, après réparation arthroscopique de la coiffe des rotateurs, des bénéfices immédiats en termes d’analgésie et d’épargne morphinique sans risque apparent d’infection. Sa pratique actuelle sur notre territoire est peu connue et mériterait une analyse à plus long terme, notamment sur la réhabilitation fonctionnelle et la cicatrisation tendineuse.

Étude de niveau 2.