Émergence de Trichophyton tonsurans dans les teignes de la région urbaine de Paris, étude épidémiologique sur les quatre dernières années - 27/11/15
Résumé |
Introduction |
Les teignes du cuir chevelu (TC) sont dues à différents champignons kératinophiles et restent un problème majeur de santé publique dans la population pédiatrique des zones urbaines. Les dermatophytes responsables peuvent être divisés en trois groupes en fonction de leur réservoir et mode de transmission : anthropophile, zoophile et géophiles. Notre objectif était d’analyser l’épidémiologie des TC à Paris.
Matériel et méthodes |
Nous avons inclus tous les patients prélevés de janvier 2011 à décembre 2014 pour suspicion de TC. Les lésions suspectes ont été échantillonnées et les données épidémiologiques (âge, sexe, origine géographique, liens familiaux) enregistrées. Après un examen microscopique direct, les prélèvements de cheveux ont été cultivés 3 semaines à 26°C. L’identification des espèces était basée sur l’examen macroscopique et microscopique.
Observations |
Nous avons obtenu 2739 échantillons issus de 2522 patients (sex-ratio 0,95 ; âge médian : 7ans, extrêmes : 1 mois–89ans).
Résultats |
L’examen direct et/ou la culture étaient positifs pour 1084 patients (43 %) avec une sur-représentation des garçons (75,4 %) entre 5 et 6ans. Les espèces anthropophiles étaient prédominantes (96 %) avec 3 espèces principales : Trichophyton soudanense, T. tonsurans et Microsporum audouinii var langeronii (39,1 %, 31 %, 29,9 % en 2011 ; 41,2 %, 30,7 %, 28,1 % en 2012 ; 40,2 %, 28,4 %, 31,4 % en 2013, et 36 %, 39,2 %, 25,8 % en 2014, respectivement). T. tonsurans était la première espèce isolée en 2014. Pour une famille donnée (n=246, de 2 à 6 membres), la même espèce a été identifiée lorsque plusieurs cas de TC étaient diagnostiqués. Nous avons considéré une famille comme un cas et observé l’augmentation de T. tonsurans dans la population générale, mais aussi chez les patients originaires d’Afrique sub-saharienne (n=522 cas), principalement au détriment de M. langeronii, T. soudanense restant stable.
Discussion |
Cette augmentation de T. tonsurans chez les patients originaires d’Afrique sub-saharienne pourrait être due à un meilleur fitness de cette espèce pour la transmission entre individus à travers des contacts communautaires ou chez les coiffeurs. Une autre explication est la moindre sensibilité de T. tonsurans à la griséofulvine, principal antifongique utilisé pour traiter les teignes.
Conclusion |
Cette observation globale de 4ans montre que T. tonsurans est devenu en 2014 le principal agent de TC à Paris, comme déjà signalé à Londres. Bien que les britanniques et les américains recommandent l’usage de la terbinafine comme premier choix pour traiter les teignes trichophytiques, la recommandation française est la griséofulvine, la terbinafine ne disposant pas de l’AMM chez les enfants. Ces recommandations pourraient être réévaluées en cas d’augmentation continue de T. tonsurans dans les TC.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Épidémiologie, Teignes, Trichophyton tonsurans
Plan
Vol 142 - N° 12S
P. S437 - décembre 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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