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Une phototoxicité médicamenteuse inhabituelle - 27/11/15

Doi : 10.1016/j.annder.2015.10.178 
M. Mechineaud 1, , M. Avenel-Audran 1, L. Martin 1, I. Hubert-Fouchard 2, J.-L. Peyron 3
1 Dermatologie, CHU d’Angers, France 
2 Hépato-gastrologie, CHU d’Angers, France 
3 Dermatologue libéral, Narbonne, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Nous rapportons un cas de photosensibilisation au simeprevir (SMP), inhabituelle par sa survenue à la fois immédiate et retardée.

Observation

Un patient de 61ans était suivi pour une hépatite C chronique de génotype 1a liée à une toxicomanie intraveineuse, diagnostiquée après la survenue d’une porphyrie cutanée tardive (PCT). La PCT avait été traitée initialement par saignées puis s’était stabilisée. L’évolution vers une cirrhose, après échec du traitement par Viraféron Peg et ribavirine, avait fait débuter l’association SMP et sofosbuvir (SFB) dès sa commercialisation en septembre 2014. Dès les premières prises, une photosensibilité importante était notée par le patient avec œdème, érythème et bulles du dos des mains quelques minutes après exposition solaire derrière une vitre, symptômes différents pour lui de ceux occasionnés par la PCT. L’exploration photodermatologique trouvait une DEM normale (> 9mJ/cm2–UV 801 BL Waldmann). Le phototest UVA (Waldmann PUVA 800) montrait une réaction immédiate avec érythème dès 0,5J/cm2 et érythème, œdème et sensation de brûlure dès 2J/cm2. Une réaction retardée érythémateuse persistait à 24h. Un mois après l’arrêt du traitement, le phototest UVA était négatif jusqu’à 8J/cm2 et le patient ne souffrait plus lors de l’exposition solaire.

Discussion

Il s’agit donc d’une phototoxicité associant réaction urticarienne immédiate et érythème retardé après exposition à une dose très faible d’UVA (2J/cm2) liée à la prise de SMP et SFB. À notre connaissance, aucun cas similaire au nôtre n’a été rapporté. Des éruptions photo-déclenchées avec une relation dose/effet ont été signalées avec les associations SMP/peginterferon alpha/ribavirine et SMP/SFB dans plusieurs essais thérapeutiques. Cette photosensibilité ne semble pas avoir été explorée. Le SMP apparaît comme le plus imputable mais aucune étude n’ayant été réalisée avec le SMP seul, le rôle du SFB ne peut pas être exclu. Le spectre d’absorption de ce médicament n’est pas connu. Néanmoins, une photoprotection est recommandée aux patients recevant ce traitement. Il est possible que la PCT de notre patient ait été un facteur aggravant par photo-addition. Mais les symptômes étaient, d’après lui, différents et se sont amendés dès l’arrêt du traitement antiviral. De plus, le spectre déclenchant des lésions de la PCT n’est pas dans l’UVA mais dans le visible (405nm), même si le PUVA 800 de Waldmann émet un peu dans le visible (400–800nm). De rares cas d’urticaire solaire ont été décrits avec le repirinast, les cyclines et la terfinafine, mais sans érythème retardé. La phototoxicité de notre patient se rapproche de ce qui a été décrit avec le benoxaprofene retiré du marché pour son hépatotoxicité. Le spectre d’action était similaire au spectre d’absorption du médicament (310–325nm).

Conclusion

Il s’agit d’une phototoxicité inhabituelle car immédiate et retardée due probablement au SMP. Des études complémentaires sont nécessaires pour mieux la préciser.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Phototoxicité, Simeprevir, Sofosbuvir


Plan


 Iconographie disponible à l’adresse : JDP2015iconographies.pdf.


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Vol 142 - N° 12S

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