Pemphigoïde de la grossesse révélant un déni de grossesse - 27/11/15
Résumé |
Introduction |
Le diagnostic des dermatoses bulleuses nécessite une démarche anamnestique, clinique et paraclinique rigoureuse. Nous rapportons le cas trompeur d’une pemphigoïde de la grossesse (PG) révélant un déni de grossesse (DG).
Observation |
Une femme de 21ans, obèse (IMC 40), avec amaigrissement volontaire récent de 20kg, sous pilule œstro-progestative, consultait pour une dermatose bulleuse prurigineuse depuis 2 semaines. Un traitement par une dose d’ivermectine n’avait pas été efficace. Cliniquement, on notait une éruption annulaire urticarienne sur les membres, l’abdomen, les paumes et les plantes, associée à des bulles tendues volontiers en rosettes, épargnant les muqueuses. La palpation abdominale révélait une masse sus-ombilicale. Elle n’avait pas de retard de règles. La biopsie cutanée montrait un décollement à la jonction dermo-épidermique, avec un infiltrat inflammatoire dermique et quelques abcès papillaires à polynucléaires. L’immunofluorescence directe montrait un dépôt linéaire isolé de C3 à la jonction. L’immunofluorescence indirecte était négative mais le test Elisa BP180-NC16A était positif à 40 unités arbitraires (N<9). Les éosinophiles étaient à 1800/mm3. Un dosage systématique de β-HCG était positif, et l’échographie de datation montrait un fœtus au 25e percentile de 24 SA.
Le diagnostic de PG sur DG était posé. Un traitement par propionate de clobetasol 4 tubes/j était lentement efficace. La patiente était prise en charge par l’équipe psychosociale et obstétricale, avec une bonne acceptation de sa grossesse, sans révéler de trouble psychologique sous-jacent. Le retard de croissance intra-utérin (RCIU) s’accentuait, au 3e percentile à 30 SA, motivant une césarienne à 35 SA. L’enfant présentait quelques bulles rapidement résolutives. La PG guérissait en quelques semaines sans récidive.
Discussion |
Nous décrivons pour la première fois une PG révélant un DG. Celui-ci est défini par la non perception par la mère de la grossesse après 20 SA et touche 1/475 grossesses sans distinction sociale. Il se distingue de la volonté délibérée de cacher la grossesse à l’entourage. Selon l’existence ou non d’une maladie psychiatrique sous-jacente, on distingue le DG psychotique et non psychotique. Le DG expose à des complications fœtales (RCIU, prématurité), néonatales (carence affective, voire infanticide) et maternelles (dépression, voire suicide). Une prise en charge mutidisciplinaire est nécessaire. En dehors d’une grossesse connue en cours, des PG ont aussi été décrites après avortement, sur môle hydatiforme ou sur choriocarcinome.
Conclusion |
Chez une jeune femme présentant une dermatose bulleuse voire inflammatoire atypique, la recherche d’une grossesse à l’examen clinique et un dosage des β-HCG doivent être systématiques.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Déni de grossesse, Grossesse, Pemphigoïde de la grossesse
Plan
Vol 142 - N° 12S
P. S510 - décembre 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?