Une complication inhabituelle d’un carcinome basocellulaire - 27/11/15
Résumé |
Introduction |
Le carcinome basocellulaire (CBC) est la tumeur cutanée la plus fréquente, son pronostic est excellent mais négligé, il peut mettre en jeu le pronostic vital. Nous rapportons l’observation d’une patiente ayant présenté un CBC délabrant du cuir chevelu se compliquant d’une méningoencéphalite à Pasteurella Sp.
Observations |
Une patiente de 76ans était hospitalisée pour une volumineuse lésion délabrante et ulcérée de l’hémicrâne gauche évoluant depuis une dizaine d’années. Les biopsies cutanées confirmaient le diagnostic de CBC. Le bilan radiologique mettait en évidence une lyse complète de la tablette osseuse sur 15 centimètres de diamètre avec exposition de la dure-mère. L’état clinique de la patiente s’était rapidement dégradé avec apparition de troubles de la vigilance dans un contexte fébrile ayant nécessité un transfert en soins intensifs. La ponction lombaire mettait en évidence une hypercellularité à polynucléaires neutrophiles, une hypoglycorachie, une hyperprotéinorachie. La culture permettait l’isolement de Pasteurella multocida. Le diagnostic de méningoencéphalite bactérienne à P. multocida était retenu. Devant cette localisation bactérienne atypique et surprenante, en accord avec les infectiologues, une antibiothérapie par meropeneme, vancomycine et amikacine était débutée secondairement adaptée à l’antibiogramme par céfotaxime, permettant une évolution favorable. Devant le caractère extrêmement délabrant, aucun traitement chirurgical ou radiothérapie n’était envisageable et c’est un traitement par vismodégib 150mg/jour qui était débuté. À 5 mois, on notait une évolution favorable avec apparition d’un tissu d’épidermisation. La tolérance du traitement était bonne hormis une alopécie de grade I.
Discussion |
P. multocida est un bacille à Gram négatif appartenant à la famille des Pasteurellaceae. La contamination par brèche ostéoméningée est fréquente. Le contexte animalier est classique. L’infection peut mettre en jeu le pronostic vital. Dans notre cas, l’origine de cette surprenante infection peut être expliquée par le contact de salive canine sur la plaie de notre patiente. En effet, l’interrogatoire de la famille révélait un état d’incurie et qu’un de ses chiens avait pris l’habitude de dormir dans le lit de la patiente et de lui lécher la lésion. Notre cas soulève le retard de consultation du CBC longtemps négligé par les patients. Les données de la littérature estiment à 19,7±14,7 mois le temps moyen d’attente avant la pose du diagnostic de CBC. Le retard du diagnostic est statistiquement associé à un âge supérieur à 65ans, à l’absence d’antécédents de CBC, à des localisations autres que cervicofaciales et au caractère asymptomatique du CBC.
Conclusion |
Nous rapportons une complication inhabituelle de CBC qui souligne le bénéfice apporté par le vismodégib dans des situations extrêmement évoluées, non opérables qui, dans ce cas, a probablement évité une évolution fatale.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Carcinome basocellulaire, Méningoencéphalite, Vismodegib
Plan
Vol 142 - N° 12S
P. S528 - décembre 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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