L’imagerie numérique a facilité la télé-dermatologie(TD). Mais la qualité du rendu des couleurs en limite la pratique. Nous rapportons une étude comparant la qualité des couleurs de plaies photographiées avec des appareils photos usuels.

Ont été réalisées des photos avec 14 systèmes photographiques : appareils photos des seniors et smartphones des 10 investigateurs. Une photographie d’un ulcère et d’une escarre en présence de la mire calibrée a été effectuée chez 2 patients avec chacun des 14 appareils, dans une chambre orientée à l’est puis dans la salle de pansement le même jour aux mêmes heures. L’éclairage était constant durant les prises de vues. Les investigateurs étaient positionnés à la même place par rapport aux plaies. Les images prises avec les smartphones ont été adressées par mail via les opérateurs commerciaux des investigateurs. La mire était constituée de 24 patches de couleurs différentes. Le traitement des images était effectué par le logiciel CIELlab^® (société Pixience). Le modèle de représentation des couleurs était établi sur le modèle L, a, b (L=luminosité, a et b=couleurs) qui définit une couleur dans un espace standardisé proche de la perception humaine des couleurs. L’écart entre les couleurs photographiées et celles de référence de la mire a été déterminé en calculant la différence entre les valeurs L,a,b de la mire de référence et de celle photographiée. Ensuite a été corrigée la distorsion des couleurs en fonction des différences analysées.

Les variations dans l’espace L,a,b, pour les 24 patches de la mire allaient de 12 % à 70 % et pour 15 des 24 patches étaient de plus de 30 %.

La distorsion des couleurs varie d’un appareil et d’une pièce à l’autre. Ainsi certains clichés évoquent un érysipèle ou une colonisation à Pseudomonas aeruginosa, absents en réalité. Après traitement des images, les valeurs L,a,b ont été pour la pluparts regroupées autour de la valeur référence ce qui traduit la Justesse et il y a eu une diminution de l’écart entre les valeurs ce qui traduit la Fidélité.

La distorsion colorimétrique pourrait être la cause d’erreurs diagnostiques en TD. Des outils de correction de ces distorsions paraissent utiles mais, pour être utilisés, leurs contraintes techniques doivent être limitées. Dans notre étude, la contrainte nouvelle pour le demandeur est la possession d’une mire calibrée positionnée dans le champ photographique et pour l’expert, l’utilisation du logiciel CIELab^®, qui permet le recalage des couleurs et ne nécessite pas de connaissance informatique ou d’imagerie spécifique.

Il s’agit d’une nouvelle technologie simple à mettre en œuvre qui devrait permettre une sécurisation du diagnostic en TD. L’ARS Rhône–Alpes a soutenu ce projet au titre du fond d’intervention régionaleen 2014.