Cellulite de la cuisse chez le patient hémodialysé et immunodéprimé : n’oublions pas le cryptocoque ! - 27/11/15
Résumé |
Introduction |
La cryptococcose est une infection fungique opportuniste dont les manifestations sont principalement pulmonaires, neuro-méningées et cutanées. Les atteintes cutanées sont protéiformes. Nous rapportons un cas de présentation atypique à type de cellulite subaiguë non fébrile.
Observations |
Un homme de 56ans, citadin, n’ayant pas voyagé, avait un antécédent de syndrome hémolytique et urémique compliqué d’insuffisance rénale terminale dialysée et sous traitement immunosuppresseur par corticoïde et mycophenolate mofetil. Il développait depuis 3 mois un placard inflammatoire infiltré de la face interne de cuisse gauche de 15cm, douloureux, sans signes généraux, résistant aux antibiotiques. L’examen clinique était normal par ailleurs. La biopsie cutanée mise en culture sur milieu de Sabouraud montrait de nombreuses colonies de Cryptococcus neoformans. L’antigénémie cryptocoque était positive. Le bilan biologique mettait en évidence une lymphopénie à 350/mm3 et l’absence de syndrome inflammatoire. Le scanner thoracique était normal, la ponction lombaire stérile. Le patient était traité par fluconazole à posologie adaptée au rythme de la dialyse pendant 10 semaines, permettant une régression progressive du placard inflammatoire et une diminution du titre de l’antigénémie. Un traitement prophylactique à mi-dose était poursuivi au long cours.
Discussion |
La cryptococcose cutanée est une infection fongique à C. neoformans, levure capsulée saprophyte et cosmopolite se comportant comme un agent opportuniste compliquant les états d’immunosuppression cellulaire. La contamination se fait par voie pulmonaire et, plus rarement, par inoculation cutanée. Les formes cutanées primitives sont rares. Les manifestations cutanées sont polymorphes à type de papulo-pustules acnéiformes, de papules molluscum-like et de nodules ulcérés. La présentation cellulitique est rapportée chez les patients sous corticothérapie au long cours et les transplantés d’organe, avec une évolution ulcérée et nécrotique fréquente. Cette observation est atypique devant la localisation en zone couverte chez un patient ne présentant pas d’effraction de la barrière cutanée et non exposé à la terre ou aux oiseaux. Le bilan d’extension à la recherche d’atteintes extracutanées est indispensable, comportant au minimum un scanner thoracique et une ponction lombaire. Le traitement, en l’absence d’atteinte neuro-méningée, repose sur le fluconazole.
Conclusion |
Un tableau de dermohypodermite résistante aux antibiotiques chez un patient immunodéprimé doit faire évoquer une infection opportuniste, notamment une cryptococcose cutanée, et faire réaliser une mise en culture d’une biopsie de peau.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Cellulite, Cryptocoque, Dermohypodermite, Infection fungique
Plan
Vol 142 - N° 12S
P. S607 - décembre 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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