Tuberculose multirésistante sur site d’injections de silicone chez un sujet transgenre infecté par le VIH. Premier cas décrit - 27/11/15
Résumé |
Introduction |
Les injections massives de silicones (IS), très pratiquées dans la communauté transgenre, peuvent entraîner des embolies aiguës, des infections et des manifestions retardées à type de granulomes. Les mycobactérioses (MB) sont plus exceptionnelles. Nous rapportons le premier cas de tuberculose focale multirésistante (MDR) associée à des IS chez un transgenre (TG) infecté par le VIH.
Observations |
Un TG péruvien de 40ans VIH+ (stade C3, CD4>500 ; ARN-VIH<20 copies/mm3) présentait depuis 2010 des placards violacés des fesses siège d’IS effectuées 10ans avant (4L). On notait une sténose, une fistule anale ainsi qu’un Anal intraepithelial neoplasy grade 3 (AIN3) opérés en 1993, 2010 et 2012, et la notion d’un contage tuberculeux en 2008. Les antibiotiques (cyclines) étaient sans effet sur les lésions. Les biopsies évoquaient des siliconomes. Les colorations spécifiques et recherches de MB (sang, selles, tubages, urines, peau) étaient négatives. Le TDM thoracique montrait un nodule apical calcifié, le TEP-scan une fixation sous-cutanée de la fesse G. Le Quantiféron® était positif. Une tuberculose cutanée était suspectée, traitée en août 2012 (Rifater® Dexambutol® 2 mois puis Rifinah®). Après une régression initiale en 3 mois des lésions arciformes survenaient sur la fesse G à M6. L’histologie était inchangée mais un BK MDR (rifamycine, isoniazide, éthambutol et pyrazinamide) était isolé à j56. Le bilan extracutané était négatif. En juin 2014 une altération de l’état général et une hyperfixation hilaire au TEP-scan motivaient un traitement par moxifloxacine zyvoxide amikacine PAS et cyclosérine, efficace et bien toléré, avec disparition des lésions à M4. Les cultures des prélèvements (M4, M6) restaient négatives. Le traitement est en cours.
Discussion |
Les complications des IS sont fréquentes. La recherche d’infection doit être prioritaire, bien que les granulomes soient plus courants. Nous observons aussi des infiltrations ganglionnaires, lymphœdèmes, insuffisances veineuses, des érysipèles ou pseudo-érysipèles. Les tuberculoses (T) focales sont rarissimes. Aucune TMDR n’a été décrite. On peut évoquer une :
–inoculation directe d’une souche de BK MDR lors des IS ;
–dissémination hématogène ou lymphatique d’un BK MDR à partir d’un foyer actif et « greffe » secondaire sur siliconome ;
–greffe d’un BK sensible sur siliconome et sélection de mutants MDR dans ce « sanctuaire immunologique » peu accessible au traitement ;
–extension d’une T anale avec transmission sexuelle, peu probable car les biopsies et cultures anales étaient négatives et les lésions fessières très à distance et non influencées par le traitement.
Conclusion |
Cette observation incite à une recherche systématique de mycobactéries en cas de lésions sur les sites d’IS. Dans ce cadre la possibilité de tuberculoses MDR, en augmentation dans le monde, doit être prise en compte car leur traitement est complexe et elles posent un problème sanitaire majeur.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Silicone, Transgenre, Tuberculose, VIH
Plan
Vol 142 - N° 12S
P. S620 - décembre 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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