Lymphangiectasies du grêle et intérêt du dosage sérique chez un patient traité par vemurafenib - 27/11/15
Résumé |
Introduction |
Le vemurafenib est un puissant inhibiteur de la sérine-thréonine kinase BRAF ; commercialisé sous le nom de Zelboraf®, il est indiqué dans le traitement des patients adultes atteint d’un mélanome malin métastatique avec mutation BRAFV600E. Les diarrhées sont rapportées au cours des essais cliniques de phase III et sont mentionnées dans le résumé des caractéristiques du produit. Nous rapportons un cas documenté d’entérite du grêle sur lymphangiectasies avec malabsorption.
Observation |
Un homme de 42ans était traité par vemurafenib 960mg×2/jour à partir de juillet 2013 pour un mélanome de stade III inopérable avec mutation BRAF V600E. Des diarrhées importantes, environ 8 selles par jour, survenaient en septembre 2014, partiellement améliorées par le lopéramide. Le bilan biologique et endoscopique met en évidence une importante hypoglobulinémie et des lymphangiectasies iléales. La biopsie iléale montre une entérite granulomateuse compatible avec une maladie de Whipple. Le traitement antibiotique d’épreuve n’est pas cliniquement concluant. Le dosage plasmatique du vemurafenib étant en dessous de la fourchette thérapeutique (28,5mg/L pour une cible>40,4mg/L), un syndrome de malabsorption était évoqué, motivant la majoration de la posologie du vemurafenib à 1200mg×2/jour (dosage plasmatique 45,9mg/L). À l’arrêt du traitement, on constatait une disparition complète des symptômes et des anomalies histologiques.
Discussion |
Il s’agit à notre connaissance du premier cas documenté d’entérite du grêle sur lymphangiectasies avec malabsorption. Dans la littérature, seules les études de toxicité animales en doses répétées de vemurafenib chez le rat et le chien ont mis en évidence des cas de lymphangiectasies du jéjunum. La base de données Eudravigilance recense 369 affections gastro-intestinales où le vemurafenib a été imputé : 35 cas de diarrhées, 1 cas d’entérite d’évolution favorable à l’arrêt du médicament. Une requête dans la base nationale de pharmacovigilance réalisée en juin 2015 a permis de colliger 16 affections gastro-intestinales où le vemurafenib a été imputé, parmi lesquels 7 diarrhées d’évolution favorable à l’arrêt du vemurafenib pour 5 patients. Les résultats des essais de phase III mettent en évidence une incidence de diarrhées de 25 % chez les patients traitées par vemurafenib 960mg ×2/jour (n=336) par voie orale versus 12 % chez ceux traités par dacarbazine 1000mg/m2 IV toutes les 3 semaines (n=287).
Conclusion |
Un bilan approfondi afin de surveiller l’apparition de lymphangiectasies est justifié en cas de diarrhées sévères au cours d’un traitement par vemurafenib. Le dosage plasmatique du vemurafenib permet d’adapter le traitement pour éviter un échappement.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Diarrhées, Entérite, Lymphangiectasies, Mélanome, Vemurafenib
Plan
Vol 142 - N° 12S
P. S649 - décembre 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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