Myasthénie auto-immune sévère induite par l’ipilimumab - 27/11/15
Résumé |
Introduction |
Les principaux effets secondaires de l’ipilimumab sont des colites auto-immunes, des éruptions cutanées et des troubles endocriniens. La toxicité immune neurologique est plus rare (moins de 1 % des patients) : neuropathies sensitives ou motrices périphériques, syndrome de Guillain-Barré. Nous rapportons un cas de myasthénie induite par l’ipilimumab, complication rare mais potentiellement grave, associée à une hypophysite auto-immune.
Observation |
Une patiente de 85ans atteinte d’un mélanome métastatique non muté BRAF avec localisations ganglionnaires, pulmonaires, coliques et osseuses était traitée par 3 injections d’ipilimumab à la dose de 3mg/kg. Deux semaines après la troisième perfusion, elle était hospitalisée pour asthénie et diarrhée de grade I. Une insuffisance gonadotrope et thyréotrope compatible avec un hypophysite était mise en évidence. Progressivement, elle présentait une fatigabilité musculaire avec difficulté à la marche, des troubles de la déglutition et un ptosis unilatéral droit. Le taux d’anticorps (Ac) anti-récepteurs à l’acétylcholine (Ach) était élevé à 12,53 nmol/L (N<0,4 nmol/L), faisant porter le diagnostic de myasthénie auto-immune. Malgré un traitement par immunoglobulines intraveineuses, corticostéroïdes et anti-cholinestérasiques, la patiente décédait rapidement d’une défaillance respiratoire.
Discussion |
Cette observation souligne la rapidité d’évolution et la gravité de cette complication neurologique dont le pronostic reste sombre même avec un traitement adapté. Lors des essais cliniques de l’ipilimumab chez plus de 700 patients, seuls deux cas de syndrome de Guillain-Barré et un cas de myasthénie grave ont été rapportés. Dans la littérature, quatre cas de myasthénie sous ipilimumab ont été rapportés au total. Deux patients atteints d’un mélanome métastatique avaient été traités à la dose de 3mg/kg et un à 10mg/kg. Un dernier patient avait reçu une association Ac anti-CTLA4 et Ac anti-PD-1 (nivolumab) pour un carcinome pulmonaire à petites cellules. Les symptômes sont apparus après la 2e ou la 3e perfusion. Les Ac anti-récepteurs à l’Ach étaient constamment positifs. Le traitement de la myasthénie reposait sur les plasmaphérèses, les immunoglobulines ou les corticostéroïdes. Deux des quatre patients sont décédés des suites de la myasthénie.
Conclusion |
La survenue d’une myasthénie sous ipilimumab est une complication rare mais sévère qu’il faut savoir évoquer devant des troubles initialement discrets comme une asthénie, une fatigabilité musculaire ou des fausses routes.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Anticorps anti-CTLA4, Ipilimumab, Mélanome, Myasthénie
Plan
Vol 142 - N° 12S
P. S662 - décembre 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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